Réédition : L’An 501




L’an 501, c’est la cinq cent unième année après la « découverte de l’Amérique », coup d’envoi de longs siècles d’impérialisme. Marquée à son origine par des massacres d’Amérindiens, la colonisation du continent laissera place à l’impérialisme des États-Unis, toujours paré de toutes les vertus démocratiques et humanistes, mais en réalité beaucoup moins reluisant. C’est ce que dit et répète l’ouvrage de Noam Chomsky en cet An 501, ou 1993, aujourd’hui réédité par la maison d’édition québécoise Écosociété. L’auteur, linguiste du Massachussets Institute of Technology, est également un communiste libertaire revendiqué, chose rare dans l’intelligentsia américaine, et un pourfendeur historique de l’impérialisme de son pays et des médias dominants.

Si les États-Unis sont intervenus tout a long du XXe siècle tout comme depuis le début du XXIe aux quatre coins du monde, ce fut pour faire barrage à la menace communiste, préserver la démocratie, garantir la « stablité » géopolitique… et personne, parmi les dirigeants occidentaux ou les grands médias, n’a jamais semblé voir une contradiction avec la perpétuation de massacres ou le maintien au pouvoir de dictateurs sanguinaires.

La réédition de l’ouvrage a tout son sens à l’heure où les États-Unis sont engagés, comme d’ailleurs bon nombre d’autres pays occidentaux, dont la France, sur de nombreux terrains extérieurs, aujourd’hui contre le péril djihadiste, mais toujours avec des bombardements abondants. Même si le Président élu Donald Trump affichait un programme moins interventionniste que sa concurrente démocrate, cette omniprésence des États-Unis sur touts les continents ne risque pas de s’arrêter, partout où cela sera nécessaire pour protéger les intérêts de la classe dominante américaine.

On pourra bien sûr regretter que cette réédition ne soit pas actualisée, et ne prenne donc pas en compte la situation post-11 Septembre, et la transformation profonde du monde depuis la chute du bloc soviétique, qui était encore toute fraîche lors de la sortie initiale de l’ouvrage. Néanmoins, les mécanismes demeurent, les mêmes recettes sont appliquées par les dirigeants de la première puissance mondiale, et la lecture de l’ouvrage reste une promenade, fascinante par l’érudition de l’auteur, dans l’histoire de l’impérialisme américain.

Vincent (AL Paris-Sud)

  • Noam Chomsky, L’An 501 – La conquête continue, Ecosociété, 408 pages, 20 euros.
 
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