Référendums : Le piège de Sarkozy se referme sur la gauche guyanaise




La victoire du « non » au référendum du 10 janvier, en Guyane et Martinique, a ouvert un boulevard à la droite, qui a triomphé au second référendum du 24. En se focalisant sur les enjeux électoralistes, le risque est grand de perdre pied politiquement.

En Guyane, les résultats de la consultation populaire du 10 janvier donnaient 70 % pour le non à l’évolution statutaire, dans le cadre de l’article 74 de la constitution française, qui aurait été susceptible d’accorder une autonomie partielle à la Guyane. Près de 48 % du corps électoral a participé à la consultation malgré une campagne électorale intense et fortement relayée par les médias. Ce référendum avait été mis en œuvre par le président de la République qui en avait fixé la date et la formulation de la question soumise au vote. Toute la gauche guyanaise, indépendantistes et écologistes compris, a fait campagne pour le oui à l’article 74. La droite, quant à elle, à quelques exceptions près, menait une campagne forcenée pour le non, en jouant volontiers sur la peur irrationnelle de la population de perdre ses « acquis sociaux ». L’AL Guyane n’a pas pris position pour le oui ou le non. Notre campagne a consisté en un appel aux luttes qui seules permettront un changement réel car les modifications institutionnelles n’ont pas de sens en l’absence de mobilisation populaire. C’est la volonté de rester français à part entière et à égalité de droits avec les Français de métropole qui l’a emporté. Le gouvernement ne s’est pas trompé en saluant la victoire du non comme traduisant « l’attachement des Guyanais à la France » mais comment aurait-il pu en être autrement après plus de trois siècles et demi d’aliénation coloniale ?

La droite triomphe sans combattre

La conséquence du scrutin du 10 janvier est que la gauche guyanaise s’est retrouvée désavouée par les électeurs à deux mois des élections régionales. La consultation du 24 janvier ne fut quant à elle qu’une formalité pour Sarkozy. Il s’agissait de mettre en place une assemblée unique en lieu et place du conseil général et du conseil régional, avant-première tropicale de la réforme « Balladur » des collectivités territoriales. Seuls 25 % des électeurs se présentèrent aux urnes et 57 % votèrent pour l’assemblée unique. La gauche guyanaise, sous le choc du 10 janvier, fut incapable de donner des consignes de vote. La droite guyanaise triomphait sans combattre et le gouvernement saluait le résultat du scrutin comme s’il était significatif.

C’est dans cette conjoncture politique pour le moins difficile qu’arrivent les élections régionales. Le président de région sortant, socialiste, ne se représente pas et la victoire annoncée de la droite guyanaise emmenée par le maire de Cayenne Rodolphe Alexandre, transfuge du Parti socialiste guyanais et soutenu par l’UMP, ne nous amènera certainement rien de bon. Mais, communistes libertaires, nous savons que ce sont nos luttes qui changeront nos vies et ce n’est pas sur le terrain électoral que nous combattons.

Jérôme (AL Guyane)

 
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