Résistance ouvrière : Coup de pieds dans le Placal




Après 12 mois de lutte, les ouvriers et ouvrières de Placal Industries quittent leur usine sur une victoire en demi-teinte. Si la bataille de l’emploi est perdue, les patrons devront passer à la caisse avant de s’envoler vers d’autres cieux.

Pendant un an les vingt salarié-e-s d’une PME, Placal Industries à Mézin, village de 1 500 habitants du Lot et Garonne, organisés depuis le début du conflit par l’Union locale CGT, mais aussi soutenus par des militants et militantes du SNUIPP-FSU et de la CNT, ont résisté au projet de liquidation de leur usine. Dès le début du conflit, une grève dure, quasi unanime, en juillet et août 2010, permet d’obtenir un gel du plan de liquidation du site. Les salarié-e-s, avec l’aide technique de la SECAFI (cabinet d’experts-comptables qui travaille souvent avec des Comités d’Entreprise), élaborent et défendent publiquement leur plan de continuation de la production.

Puis, face à l’employeur – la COMEC, une Société coopérative ouvrière de production (Scop) de Cholet – qui voulait seulement récupérer la clientèle, les brevets et le savoir-faire, les salarié-e-s ont commencé à monter un projet de reprise du site au travers de la création de leur propre Scop .

[*Patron saboteur*]

Mais la COMEC a tout fait pour saboter ce projet. En particulier, elle a décidé de rapatrier sur son site la quasi-totalité des machines, certaines cruciales pour le nouveau projet de Scop et dont elle n’avait pas l’utilité. En mai, l’Assemblée générale des salarié-e-s de Placal décide d’une part que les conditions ne sont pas réunies pour tenter l’aventure de la Scop, et d’autre part de mener un dernier combat pour une meilleure indemnisation.

Pendant trois semaines en juillet, l’usine est occupée jour et nuit, ce qui bloque le déménagement des machines. Cette occupation s’est terminée le 21 juillet au soir, avec une demi-victoire des travailleurs et travailleuses. Le combat pour l’emploi a toutefois clairement été perdu. Les ouvriers et les ouvrières vont se retrouver au chômage, dans une région où la situation de l’emploi est catastrophique.

[*Pas de combat d’ensemble*]

Gagner était-il possible en fin de compte ? Personne ne peut l’affirmer. Mais le défaitisme final de la majorité d’entre eux et elles face à la possibilité de défendre leur emploi a été un élément important de cet échec. Les difficultés ne sont pas venues du déroulement « interne » de la lutte. Les salarié-e-s ont participé massivement aux Assemblées générales qui décidaient des actions et des objectifs. Ils et elles ont su mobiliser la population, gérer les liens avec la presse, imposer la légitimité de leur lutte qui leur a permis d’obtenir un soutien de la Municipalité, du Conseil général et même de la Préfecture, y compris quand elle se menait en toute illégalité, comme lors de l’occupation de l’usine.

Malgré le soutien important de syndicalistes, d’habitants et d’habitantes de Mézin, ce qui a manqué, c’est l’existence d’un « combat d’ensemble » contre les licenciements, organisé, coordonné, popularisé au niveau national par le mouvement syndical. Pour autant, cette lutte aura été exemplaire, en montrant qu’une résistance est possible, face aux décisions patronales, et que les salarié-e-s ont tout à y gagner !

Jacques Dubart (AL Agen)

 
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