Retraites : Tous en retraite ! Mais surtout le gouvernement




La réforme des retraites s’inscrit dans une politique générale de destruction des acquis sociaux pour aligner les salariés européens sur les salariés chinois. Il faut stopper la descente aux enfers et combattre pour une issue communiste à la mondialisation capitaliste.

Les annonces du 27 août ont eu le mérite d’être claires. Le gouvernement PS-Verts valide les réformes Sarkozy pour les aggraver encore : hausse des cotisations sociales de 0,3% pour les salarié-e-s ; hausse de 0,3% de la « part employeur » (il faut rappeler que la part employeur c’est en fait encore du salaire que l’on dit « différé » c’est-à-dire du salaire épargné pour plus tard) ; augmentation des années cotisées à 43 ans pour une retraite pleine.
Augmentation des impôts pour les retraités ayant élevé une famille de trois enfants et plus, en échange de quoi on fait à nouveau miroiter une prise en compte de la pénibilité mais seulement pour les plus jeunes et pas avant 2015  ! Pour complaire au patronat, le gouvernement annonce dans la foulée une nouvelle baisse du «  coût du travail  », comme si notre travail coutait aux patrons et alors que le « crédit compétitivité » va déjà rapporter 20 milliards aux patrons en 2014 !

Les positions syndicales

Le bloc autour de la CFDT qui ne participera pas aux manifestations du 10 septembre accepte ce nouveau recul des droits acquis par les salarié-e-s. CGT, FO, FSU et Solidaires ont le mérite d’appeler en commun à cette première journée de mobilisation. Mais la leçon de 2010 ne doit pas être oubliée : nous avions alors perdu contre Sarkozy malgré les manifestations monstres faute d’un mouvement de paralysie du pays. L’enjeu est exactement le même  : Hollande ne cèdera pas devant quelques manifestations, même puissantes. Il faut indiquer clairement aux salarié-e-s que pour gagner il faudra bien paralyser le pays par un mouvement durable de grèves et de blocages. On ne sait pas encore si les travailleurs et travailleuses vont se mobiliser ni à quel degré. Mais la tâche de toute organisation syndicale qui veut réellement combattre est de pointer les enjeux et la hauteur des mobilisations indispensables.

Bonnes retraites = plein emploi et bons salaires

Financer la prise en compte des personnes âgées n’est pas la gageure que les journalistes s’acharnent à démontrer. Rappelons d’abord que l’âge du vieillissement en bonne santé ne recule pas. Partir plus tard en retraite c’est donc partir malade. Comme le reste, le temps de travail est un choix politique délibéré et non la conséquence implacable des mutations démographiques.

Retraites et chômage : un même combat !

Le gouvernement cherche «  désespérément  » sept milliards pour les retraites mais trouve aisément 6,5 milliards pour renflouer une nouvelle fois la banque Dexia, bien connue pour avoir vendu aux collectivités locales des crédits pourris  ! En fait, rétablir le plein emploi et/ou augmenter les salaires suffirait à remplir les caisses. La CGT calcule que l’égalité salariale hommes/femmes rapporterait à elle seule 10 milliards  ! Voilà ce qui doit être notre ligne de conduite dans ce conflit et qui fait le lien avec l’ensemble des attaques qui convergent pour rétablir la «  compétitivité des entreprises  » , formule magique qui signifie  : égaliser vers le bas les acquis sociaux avec ceux des travailleurs chinois. L’idée d’égaliser vers le haut curieusement n’est jamais évoquée…

Dès après le dossier retraites, s’ouvrent les renégociations Unedic sur l’indemnisation des chômeurs et chômeuses. Il faut là encore s’attendre au pire malgré l’augmentation continue du nombre de chômeurs (les journalistes diront à cause de cette augmentation). Il faut dès à présent lier les deux mobilisations car l’allongement du temps de travail c’est évidemment l’accroissement automatique du chômage. Malheureusement les mouvements de chômeurs sont très affaiblis et souffrent de divisions anciennes liées aux batailles passées. Il leur revient néanmoins le rôle d’initier la mobilisation, sans laisser de côté les collectifs locaux non-affiliés, sans oublier la rage existant dans toute une frange de la jeunesse exclue de toute perspective d’avenir. C’est d’ailleurs le sens du courrier envoyé par Alternative Libertaire à ces organisations pour proposer qu’elles convoquent urgemment une réunion unitaire la plus large pour démarrer la mobilisation.

Mobilisation générale contre l’austérité

Bien d’autres raisons de se révolter contre les mesures d’austérité devraient venir se lier à la lutte pour les retraites et permettre d’enclencher cet automne la grève générale indispensable pour renverser le cours des choses, l’accumulation des défaites de ces dernières années  :

 Gel reconduit pour la quatrième année consécutive du salaire des fonctionnaires.

 Négociations salariales dans l’impasse dans les branches professionnelles comme dans la majorité des entreprises.

 Augmentation des impôts sur le revenu (+17% en moyenne). En particulier la non prise en considération de l’inflation dans les calculs de l’imposition va rendre imposables des centaines de milliers de familles qui n’étaient pas imposables jusqu’ici.

 Coupe budgétaire de 12 milliards des dépenses de l’Etat en 2014 qui épargnerait (promet Ayrault) la police et l’école mais touchera donc violement la santé, les transports publics, les collectivités locales, etc…

 Augmentation de la TVA de 0,4% au 1er janvier.

 Taxe «  écologique  » dont les contours seront précisés en septembre mais qui ne profitera pas aux petits oiseaux.

 Dans le cadre de l’ANI n’oublions pas le droit acquis pour les patrons de remettre en cause «  pour deux ans » les salaires et le temps de travail afin de «  sauver des emplois  ». Et ajoutons la remise en cause annoncée des tarifs préférentiels des salariés d’EDF, de la SNCF, d’Air-France et autres, parce que pour les patrons il n’y a pas de petites économies.

 Poursuite des licenciements et fermetures d’entreprises.

Bref, un inventaire à la Prévert que chaque lecteur et lectrice pourra utilement compléter avant de partir en manifestation !

Résister et reconstruire

Bien entendu nous appelons à la résistance non seulement pour stopper la casse ici et tout de suite mais aussi pour dessiner le projet d’une autre société et construire le rapport de force nécessaire à faire tomber l’exploitation capitaliste qui dévaste la planète et ses habitants. C’est dans nos luttes d’aujourd’hui que nous construirons le communisme de demain. C’est aussi pour cela que nous militerons non seulement pour des objectifs radicaux mais aussi pour la plus grande créativité et l’autogestion des mobilisations.

Jean-Yves Lesage (AL 93)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut