Santé : L’hôpital public en danger !




La situation catastrophique dans laquelle se trouvent les établissements hospitaliers publics n’est plus à démontrer aujourd’hui. Depuis 1999, les grandes grèves des hospitaliers alertant sur la pénurie de personnels, la fermeture de lits et/ou d’hôpitaux de proximité, n’auront pas suffit à faire reculer les précédents gouvernements. Les effets de la canicule de cet été sur la population la plus fragile ou l’épidémie de bronchiolite au début de l’hiver auront souligné une fois de plus la crise des services d’urgence et en amont la crise profondément ancrée des services de soin en général.

En 10 ans, l’addition est lourde avec 7 000 lits fermés et 3 500 postes médicaux non pourvus (allant jusqu’à 40 % de postes vacants dans certaines spécialités).

Pour faire avancer le libéralisme, Raffarin se heurte à des obstacles dans notre système de santé. C’est pourquoi le plan « hôpital 2007 » poursuit cette même logique de mise à mort des établissements publics de santé.

Le plan « hôpital 2007 » vise à instaurer la maîtrise totale des coûts de santé et du système hospitalier, et il est un des volets de la contre-réforme de la protection sociale. Il inverse la priorité du soin à la logique financière et commerciale. Cela se traduit, dans le cadre d’une régionalisation, par la tarification à l’acte, la reconversion des services de soin en pôles d’activité dirigés par un médecin-manager. Celui-ci est nommé par la direction suivant un certain profil de poste. Ainsi se crée un nouveau mode de gestion des hôpitaux.

Deux axes se dégagent de ce plan :

 Un axe dirigiste : c’est le renforcement du dispositif des ordonnances Juppé de 1996 (avec la création des Agences régionales d’hospitalisation) par la création des ARS (Agences régionales de santé) décidant de la répartition des fonds par une mise en concurrence des établissements publics entre eux et avec le privé.
 Un axe libéral : c’est le renforcement du pouvoir des directeurs avec un règlement intérieur d’établissement. La nomination, le recrutement, le déroulement de carrière des médecins sont décidés par le directeur et non plus par le ministère (déréglementation nationale). L’instauration d’une nouvelle gouvernance tenue par la motivation financière et commerciale se fera dans le cadre d’un « comité stratégique » aux contours encore flous.

Le directeur d’établissement devient chef d’entreprise, le responsable du pôle d’activité devient le manager qui pourra manipuler les statuts des personnels, le patient devient un client.

Les conséquences sociales de ce plan seront l’entrée massive des personnels à statut précaire, la poursuite des fermetures de lits pour restructurer autour des pôles d’activité, la montée en flèche des lits privés, la dotation des fonds publics au privé, la disparition pure et simple de la notion de service public et de l’expression du patient ou de ses associations de défense, la menace de la disparition des CHS-CT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

La réforme hospitalière qui ne dit pas son nom renvoie à un choix de société d’où sont exclus les usagers et les professionnels. C’est pourquoi la bataille doit être menée largement avec la population pour la défense de notre santé et plus précisément sur la notion de service public de santé. Si la santé n’est pas une marchandise, à nous de la défendre !

Josiane (syndicaliste dans la Santé)

 
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