Sarkozy, VRP du nucléaire




Le lobby nucléaire dispose en France, de moyens considérables et de
nombreux appuis politiques. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, l’État n’a cessé de soutenir l’industrie du nucléaire, notamment à l’etranger.

Chacun des déplacements de Nicolas Sarkozy à l’étranger a été l’occasion de défendre les intérêts du
nucléaire français. Avant son élection,
déjà, le président défendait l’idée que
l’énergie atomique ne devait pas être
la possession exclusive des pays du
Nord. Selon lui, le développement
était indissociable de l’accès à l’énergie, et donc au nucléaire. « Je souhaite par exemple proposer à l’Algérie,
avant d’autres États, de l’aider à
développer une capacité nucléaire
civile en échange d’un partenariat sur
l’exploitation des champs gaziers »
,
avait-il avancé en février 2007 [1].
Après son élection, la politique étrangère de la France va épouser à de
nombreuses reprises les intérêt du lobby du nucléaire

La visite de Nicolas Sarkozy à Alger
en mai dernier, s’est ainsi soldée par la
signature d’un accord de coopération.
La France accompagnera le prochain
programme algérien d’accès au
nucléaire, en assurant divers transferts
de technologies et la formation des
personnels. En échange, elle pourra
contrôler une partie de la production
et des approvisionnements algériens
en gaz naturel, au moins jusqu’en
2019. La première centrale nucléaire
sur le sol algérien devrait, dans ce
contexte, entrer en fonctionnement
vers 2020. Par la suite, il est prévu
d’ouvrir une centrale tous les cinq ans.
Un programme de coopération a également été signé avec l’État tunisien ; qui entend mettre à profit ses ressources naturelles pour extraire de l’uranium et produire de l’énergie à moindre coût, grâce à la construction de
centrales, et avec l’aide des industriels
français. De la même façon, Nicolas
Sarkozy souhaite permettre aux entreprises françaises de retirer des bénéfices du programme de développement
nucléaire de Silvio Berlusconi ; visant
à rendre l’Italie moins dépendante de
ses voisins sur le plan énergétique.
Dans ce but, EDF travaille déjà au
développement de la technologie
EPR, calquée sur le modèle du réacteur en construction sur le site de Penly, en Seine-Maritime. L’entreprise
française est d’ailleurs, depuis l’accord-cadre signé en février dernier
entre les deux pays, le prochain opérateur industriel des centrales nucléaires
italiennes gérées par l’électricien
transalpin Enel.

INDUSTRIE RUINEUSE

On comprend mieux alors l’insistance de Nicolas Sarkozy en faveur de
l’Union pour la Méditerranée. Si elle
ne permet en rien de répondre aux
besoins de l’immense majorité des
populations concernées, elle contribue
en tout cas à assouvir les intérêts des
firmes industrielles françaises impliquées dans le secteur de l’énergie. Or,
les risques liés au nucléaire ne sont
plus à prouver. La construction de
nouveaux réacteurs de type EPR a été
arrêtée à Flamanville (Manche) et à
Olkiluoto (Finlande). Pour Frédéric
Marillier, chargé de la campagne
Énergie à Greenpeace France, cet incident démontre l’incapacité du nucléaire français dans son ensemble à tenir
ses promesses, en termes économiques, environnementaux et énergétiques.

Paradoxalement, il faut ajouter que
même d’un point de vue capitaliste, la
stratégie de Nicolas Sarkozy est
contestable. Certes, la part représentée par le nucléaire dans la consommation française d’énergie est assez
faible (à peine 16%), ce qui encourage l’exportation d’électricité. Mais si
l’on compte les coûts des déchets
radioactifs et celui du démantèlement
des installations, il devient évident
que la France exporte à perte. Une
situation qui devrait s’aggraver avec
la construction des réacteurs EPR et
la promotion des énergies renouvelables. De toutes évidences, malgré
l’affichage du « Grenelle de l’environnement », le contrôle des orientations énergétiques par la société civile reste un champ à conquérir. Il est
pourtant temps d’abandonner le
nucléaire et d’imposer des stratégies
durables respectueuses de l’environnement, des générations futures et des
rapports Nord-Sud.

Jon (Rennes)

[1Conférence de presse sur la politique
internationale du 28 février 2007.

 
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