Syndicalisme

Secteurs féminisés : Victoire pour les aides à domicile d’Orpéa




Après six semaines de grève les auxiliaires de vie et aides ménagères en grève de l’entreprise Domidom Caen, filiale d’Orpéa, ont enfin fait plier leur patron  ! Une victoire sur laquelle il ne faut pas se laisser endormir, et qui doit en appeler d’autres.

Dans notre numéro du mois dernier, nous relations la grève de ces salariées. L’issue positive, pour elles, du conflit est récente. Nous ne pouvions bouder notre plaisir de relater plus en détail cette victoire.

On pourra dire que la grève a été rapide, tant la durée des conflits tend à s’allonger dans les secteurs féminisés. On se rappelle notamment des vingt-deux mois de lutte des travailleuses de l’Ibis Batignolles en région parisienne. La grève des aides à domicile de Caen n’en a pas moins été rude. Les négociations étaient en effet, dans un premier temps, bloquées.

La dernière proposition en date avant l’accord ne proposait rien d’autre que le paiement de dix jours de grève. Pourtant, les grévistes ont su rester soudées et déterminées, même quand certaines d’entre elles ont été contraintes par la nécessité économique de reprendre le travail.

9 % d’augmentation pour les 900 travailleuses

Qu’ont-elles obtenu ? Une augmentation des salaires de 9% (dont 6% au titre de l’inflation), une augmentation du remboursement des frais kilométriques de 45%, et la promesse pour mars 2023 d’une prise en charge patronale de la prévoyance d’au moins 50% et la mise en place d’un panier repas. Et cela pour toute la filiale, soit 900 travailleuses environ  !

Cependant, il ne faut pas se leurrer car ce rapide revirement de situation ne tombe pas du ciel. En effet, elles étaient accompagnées par la CGT qu’elles ont rejoint au cours de la lutte. L’agenda était chargé car en même temps le syndicat était occupé par les élections professionnelles chez Orpéa suite à une annulation des derniers scrutins, les salariées n’ayant pas toutes et tous pu voter, ou seulement pour le syndicat maison « Arc-en-ciel ».

Mais ce premier sursaut dans ce secteur, désert syndical, n’a, bien sûr, pas laisser indifférents les syndicats de lutte. La fédération Sud Santé-Sociaux venait par exemple de voter en conseil fédéral une campagne pour le renforcement de la mobilisation sur tout le territoire. Le patronat a bien compris qu’accéder aux revendications au plus tôt compliquerait peut-être la mise en place d’un contexte de montée de la syndicalisation, et endormirait les ­syndicats.

Il faut donc considérer que cette victoire n’est qu’une première étape : continuer l’implantation syndicale, renverser les jaunes aux élections, mettre en échec le patron, voilà un programme pour la suite. En tout cas, les grévistes de Caen en sont conscientes : ce n’est qu’un début, elles appellent à continuer le combat  !

Tous les éléments de ce conflit démontrent, encore une fois, l’énorme potentiel de mobilisation, d’organisation et de syndicalisation dans tous les secteurs féminisés. Mais cela doit aussi nous questionner sur modes d’organisation syndicale. En effet, au niveau CGT, Orpéa est dans le champ de la fédération CGT Santé-Action sociale. Mais l’entreprise Domidom, filiale d’Orpéa, qui applique la convention collective des Services à la personne est dans le champ de la fédération CGT Commerce et services.

Némo (UCL Caen)

 
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