Mars 2000

Stop la violence ? Alors c’est la société qu’il faut changer !




Depuis plusieurs mois l’ensemble des médias, des politiciens, de l’institution scolaire nous bassinent à propos d’une supposée « explosion de la violence » dans les établissements. Comme si c’était nouveau !

Si des millions de familles vivent aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté, si leurs enfants ne peuvent grandir dans des conditions plus décentes, c’est avant tout la conséquence des politiques libérales d’exclusion du gouvernement de « gauche poubelle » qui n’ambitionne que de bien gérer le capitalisme.

Assez de démagogie !

Ce qui se cache en réalité derrière le discours hystérique sur l’insécurité, c’est avant tout la volonté de restaurer un ordre moral pseudo-citoyen dans une jeunesse qui ne croit plus dans les institutions. Car on voit bien que la légalité et la justice ne condamnent pas les spéculateurs et les licencieurs responsables du chômage. Et on voit bien que les élections ne servent à rien, que les vrais décideurs sont les patrons et les marchés financiers.

Ne nous leurrons pas ! Ceux qui veulent restaurer un pseudo « civisme » dans la jeunesse cherchent à nettoyer les esprits de tout esprit de révolte, plutôt que de s’attaquer à la précarité.

Pour notre part, nous appelons à soutenir, à renforcer les luttes sociales qui grandissent aujourd’hui dans les quartiers, dans les entreprises et dans l’ensemble de la jeunesse. C’est en effet le seul moyen de changer le cours des choses.

Pour en finir avec l’injustice, c’est la société qu’il faut changer. Une révolution, libertaire et égalitaire, reste à faire.

Prenons nos affaires en main !

Aujourd’hui des mouvements de grève contre la casse de l’Éducation nationale par Allègre se développent dans toute la France (Toulouse, Nîmes, Roubaix...).

A l’automne dernier, des centaines de milliers de lycéens sont descendus dans la rue pour obtenir des conditions d’études décentes. Vingt-cinq élèves par classe, c’est une condition minimum pour que tous les lycéens aient leur chance d’avoir un jour le bac. Il est dommage que cette année, des lycéens aient accepté dans leur mouvement de suivre les petits meneurs du PS, qui se cachent derrière les sigles UNL et la FIDL, qui ont emmené le mouvement dans une impasse en pactisant avec le gouvernement.

Pour notre part, nous pensons que les revendications lycéennes sont de nature politique, et nous dénonçons ces apprentis politiciens qui cherchaient à empêcher toute contestation du gouvernement dans les manifs, et qui se faisaient élire par cinq de leurs copains dans les lycées. Aucune revendication n’est « apolitique », et croire le contraire, c’est déjà renoncer à s’exprimer et à penser par soi-même.

Ce sont les lycéens qui doivent eux-mêmes choisir et porter leurs revendications. Se réapproprier la politique serait déjà une victoire sur les politiciens.

Un plan d’urgence pour l’éducation !

Des sources de financement existent pour appliquer un plan d’urgence dans l’Éducation nationale. Encore faudrait-il que ce soit la volonté du gouvernement.
 De 1989 à 1996, 28 milliards de francs ont été attribués illégalement à des entreprises du bâtiment par le conseil régional d’Île-de-France, pour le programme de rénovation des lycées. Les entreprises concernées ont ainsi pu augmenter de 5% à 6% leurs marges bénéficiaires en reversant au passage plus de 260 millions de francs au RPR, à l’UDF, au PS et au PCF (cette énorme affaire de corruption a été révélée par Le Monde du 26/01/00).
 L’excédent des recettes fiscales de l’État est de 40 milliards de francs. On est en droit d’exiger un investissement massif de ces sommes dans l’éducation et dans une politique sociale, alors que le gouvernement veut les utiliser pour baisser (encore !) les impôts des entreprises.

Clash n°8 (mars 2000)
 
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