Motion d’actualité

Structurer nos luttes, renforcer notre internationalisme




Réunie en Coordination fédérale à Paris les 1 et 2 novembre 2025, l’Union communiste libertaire a adopté à l’unanimité cette motion d’actualité, revenant sur les évènements nationaux et internationaux de ces derniers mois.

Ces derniers mois en France, la rentrée sociale a pu nourrir des espoirs. Certaines Assemblées ont pu être enthousiasmantes, avec des personnes se politisant et se mobilisant pour la première fois tout en permettant un dialogue entre des groupes politiques n’arrivant habituellement pas toujours à cohabiter. Mais beaucoup, y compris parmi les syndicalistes, ont rechigné à engager un véritable travail de structuration autogestionnaire de la grève. Beaucoup ont préféré se cacher derrière le prétexte de « trahisons par les directions syndicales ». Beaucoup se sont satisfaisait d’un entre-soi – même si celui-ci a parfois découlé d’une volonté de se prémunir de l’investissement du mouvement par l’extrême droite. Ne trouvant pas d’espace où s’impliquer, la plupart des curieux et des curieuses qui s’étaient rapprochées du mouvement s’en sont désengagées, alors que le sketch des démissions gouvernementales finissait de l’achever.

Cette séquence a tout de même réussi à faire émerger le thème de la justice sociale, qui reste aujourd’hui présent via les discussions autour de la très minimale taxe Zucman et le maintien des revendications concernant les retraites. Néanmoins, ces revendications ne trouveront aucun débouché sans un vrai rapport de force, par la grève et l’auto-organisation des masses, ni sans un réel projet de société alternatif. Si le souffle est retombé, ces derniers mois ont vu se renforcer des critiques de fond des institutions de l’État bourgeois. Un rebond est possible face aux blocages parlementaires et aux propositions de budget brutalement antisociales.

A l’international, depuis la chute de la ville d’El Fasher, assiégée depuis un an et demi, au main des Force de Soutien Rapide (FSR), la situation soudanaise a dépassé un seuil dans l’horreur des nettoyages ethniques et du risque de partition du pays. Depuis un an et demi, toute sortie de crise entre les deux parties est bloquée par l’implication massive des forces étrangères notamment émiratie côté FSR et égyptienne côté gouvernement officiel. La situation diplomatique est complètement bloquée. L’État français ne s’y intéresse que sous le prisme de la « crise migratoire » qu’elle provoquerait.

Dans le contexte du génocide palestinien toujours en cours, les grandes puissances continuent à s’illustrer par leur cynisme. Alors que les bombardements continuent sous un soi-disant « cessez-le-feu », Trump propose maintenant un plan de « paix » orchestrant la privation de toute souveraineté ou résistance du peuple palestinien [1].

Dans ces deux situations la France, deuxième vendeur d’armes du monde, est impliquée dans la livraison d’armes aux génocidaires et continue son inaction pour arrêter les massacres. À travers le monde et dans un contexte général de militarisation des rapports inter-impérialistes, le commerce d’armes s’intensifie, comme en Asie du Sud-Est où la France compte ses deux principaux clients –l’Inde et l’Indonésie – tandis que les États-Unis réarment le Japon et la Corée du Sud, elle-même devenue une puissance militaro-industrielle d’importance.

La France ne se contente pas de ces ventes d’armes, mais maintient sous plusieurs forme son pouvoir colonial. En Kanaky, l’État entend enterrer le processus de décolonisation avec le projet d’accord Bougival, rejeté par les forces politiques kanak, qui l’effacerait de la Constitution. À Madagascar aussi, où la France occupe les îles Éparses lui permettant d’en exploiter les ressources et conserver un contrôle maritime, elle maintient une politique néo-coloniale qui se traduit récemment par son exfiltration du président Rajoelina, tombé grâce au soulèvement de la population et en particulier de la jeunesse, au moment où un risque de confiscation du pouvoir par l’armée est sensible. Ce soulèvement fait écho aux autres exemples de révoltes populaires ayant éclatées au Bangladesh, au Sri-Lanka, en Serbie, en Indonésie, au Népal, et maintenant au Maroc et au Pérou. Ces mouvements sont et ont été divers, tant dans leur structuration que dans leurs résultats.

Nous ne sommes pas impuissantes face à ces situations, au contraire, elles doivent nous inciter à renforcer nos engagements anti-impérialistes et anti-militaristes. En juin, l’Union communiste libertaire a adopté lors de son Congrès des motions allant dans cette direction, portant notamment un soutien à des initiatives telles que Stop Arming Israël, ou le cadre unitaire Guerre à la guerre. C’est par ces actions collectives que nous pourrons peser face à l’impérialisme de notre propre pays, et construire une réelle solidarité internationale, condition indispensable à un renversement mondial du capitalisme.

Coordination fédérale de l’Union communiste libertaire, 2 novembre 2025.

 
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