Taxe Zucman : petite réforme, gros embarras

Portée par la gauche institutionnelle, conspuée par la bourgeoisie et leurs alliés : la proposition de loi Zucman, qui veut instaurer un impôt plancher sur le patrimoine des ultrariches, fait brasser beaucoup d’air sur les plateaux télés.
Il ne s’agit pourtant pas d’une mesure révolutionnaire, loin de là. Partant du constat que les ultrariches payaient proportionnellement moins d’impôts sur les autres, la loi veut s’assurer que ces contribuables paient au moins 2% d’impôts sur leur fortune. Seuls 1800 foyers fiscaux seraient concernés, là où l’impôt sur la fortune concernait par exemple 350000 millionnaires.
Gabriel Zucman lui-même défend sa taxe comme un simple mécanisme correctif de l’impôt sur le revenu. Loin de s’attaquer aux fondements de l’accroissement des inégalités de richesse, il s’agit là d’une mesure d’accompagnement du capitalisme, selon l’habitude de la gauche réformatrice en quête de « compromis ». Le PS espère d’ailleurs l’imposer (sans doute dans une version allégée) en la présentant comme une condition de non-censure du prochain gouvernement Lecornu.
S’il ne faut pas attendre grand-chose de cette loi, on peut tout du moins se réjouir de deux choses. Premièrement, qu’elle remette sur le devant de la scène la dénonciation de l’accroissement des inégalités sociales et des grandes fortunes, au lieu des thèmes de l’immigration ou de l’insécurité chers à la droite. Deuxièmement, qu’elle embarrasse le RN, qui a du mal à dissimuler la contradiction évidente entre son opposition à la taxation des riches et son discours populiste.
UCL, 21 septembre 2025





