Antipatriarcat

Thérapies de conversion : Pour combattre une atrocité, il faut la nommer.




Une proposition de loi visant à interdire les thérapies de conversion a été adoptée au Sénat le 7 décembre, puis en commission mixte paritaire le 14, l’occasion pour la droite réactionnaire de présenter son visage le plus abject.

En décembre dernier, lors des débats autour de la proposition de loi visant à interdire les thérapies de conversion, les parlementaires de droite et d’extrême-droite se sont lachés. «  Nous n’avons pas de leçon à recevoir en matière de défense des homosexuels et des transsexuels [… mais] on n’est pas obligés d’accepter les pressions ». Pressions de qui, on ne sait pas. Sans doute du tout-puissant «  lobby LGBT  ». Mais c’est en tout cas comme ça qu’une sénatrice LR a justifié son vote... contre l’interdiction de la torture envers les personnes trans.

Les mal-nommées «  thérapies de conversion  » sont des pratiques visant à réprimer l’homosexualité et la transidentité, généralement imposées à des enfants et impliquant des violences psychologiques et physiques pouvant aller jusqu’au viol ou aux électrochocs. Même les moins violentes de ces thérapies tuent, de manière directe, des personnes LGBTI chaque année, multipliant par quatre leur risque de suicide.

La proposition de loi visant à interdire ces pratiques a eu du retard. Alors qu’un rapport de l’Onu les a déjà dénoncées en 2015, il a fallu attendre 2020 pour un premier dépôt. Le Covid-19 n’a ensuite pas aidé, mais le gouvernement a aussi traîné des pieds, indiquant en mai dernier que le droit existant et quelques circulaires suffisaient amplement.

Certes, prises individuellement, les pratiques utilisées lors des thérapies de conversion sont pour la plupart déjà illégales ; mais pour combattre efficacement une atrocité, il est important de la nommer et de la considérer comme un tout. Peut-être LREM voulait-il mieux aligner cette loi, consensuelle et «  gratuite  » politiquement, avec son calendrier électoral  ?

Les républicains en campagne contre le « lobby woke »

Elle est enfin arrivée à l’ordre du jour en octobre et nous a permis d’assister à un bien macabre spectacle. Au Sénat comme à l’Assemblée, une partie du groupe LR, heureusement minoritaire, a tenté de s’accaparer les débats et de les ramener à leur guerre contre le «  wokisme  ». Tout en se présentant en grande défenseuse des personnes homosexuelles (on ne devrait donc plus les voir dans les «  manifs pour tous  » ?), elle a tenté de rendre la loi non-applicable aux personnes trans. Elle a aussi voulu faire interdire tout parcours de transition aux mineures, y compris les bloqueurs de puberté, en arguant qu’il s’agirait en soi de thérapies de conversion que l’on risquerait de vouloir « par effet de mode » ! Leur attention à notre bien-être est décidément admirable.

Si cette loi devrait entrer en vigueur prochainement, il reste encore bien des combats à mener pour les droits des personnes LGBTI. L’interdiction des mutilations sur les bébés intersexes notamment n’est toujours pas acquise  : après une loi « bioéthique » décevante, des amendements ont été déposés en ce sens à l’Assemblée, puis refusés car «  hors-sujets  ». Il ne tient qu’à nous, par la lutte, de remettre ce point à l’ordre du jour.

Chloé (UCL Grenoble)

 
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