antiracisme

Toulouse : une manif bardée de gyrophares




Combien auront coûté les centaines de CRS, les dizaines d’agents de la BAC, le déplacement de camions avec grilles anti-émeute et même avec canon à eau ? Tout ça pour encadrer 300 manifestantes et manifestants, dynamiques certes (entonnant slogans, chansons…) mais certainement pas « violents »...

Samedi 21 mars dans le cadre d’une mobilisation nationale, une manifestation contre tous les racismes et le fascisme était organisée à Toulouse. Les manifestantes et manifestants ont joué le jeu et déposé le parcours en préfecture une semaine avant la manifestation. Le parcours initial, qui devait se terminer à Esquirol en centre-ville, a été interdit et un parcours alternatif se terminant à Saint-Cyprien a été discuté entre les manifestantes et manifestants et autorisé par la préfecture.

Malgré cela, la veille de la manifestation, vendredi 20 février, des flics en tenue sont entrés dans les magasins de Saint-Cyprien pour prévenir les commerçantes et commerçants qu’une « manif Sivens », non autorisée et probablement violente, aurait lieu le lendemain et qu’ils devraient se préparer à fermer boutique en cas de débordements. Ou comment créer de la tension là où il n’y en a pas...

La Dépêche du Midi, fidèle à elle-même publiait le jour dit (samedi 21 février) un scandaleux article sur la soi-disant violence des manifestantes et manifestants, avant même que le défilé ne commence. L’article étant illustré par une photo de la manifestation pour les ZAD du 21 février où des vitrines avaient été brisées, ce que le journal ne manque pas de rappeler, mentionnant même le coût des dégâts.

Est-ce que le journal aura le même souci du détail pour chiffrer le coût astronomique du déploiement policier de la manifestation du 21 mars ? Combien auront coûté les centaines de CRS, les dizaines d’agents de la BAC, le déplacement de camions avec grilles anti-émeute et même avec canon à eau ? Tout ça pour encadrer 300 manifestantes et manifestants, dynamiques certes (entonnant slogans, chansons…) mais certainement pas « violents ». Il n’y a même pas de tags à déplorer !

C’est sans doute la déception de n’avoir pas pu attraper de « casseurs » qui aura poussé les baqueux à effectuer un contrôle d’identité très musclé à la fin de la manifestation, visant essentiellement les personnes cagoulées qui assuraient le service d’ordre (avec pour mission principale de protéger la manifestation de la flicaille...). Mais tout le monde a tenu bon face à ces provocations policières, et la manifestation s’est dispersée tranquillement et en toute sécurité, sous l’œil tantôt moqueur, tantôt hostile de la police.

Nous dénonçons un encadrement disproportionné de la manifestation du 21 mars, et plus largement le traitement policier des manifestations depuis la mort de Rémi Fraisse en octobre dernier. En effet, sous prétexte de la colère qui s’exprime légitimement depuis cet assassinat, le centre-ville est fermé à toute manifestation, et nous sommes forcé-e-s de défiler sous bonne garde.

C’était le cas le 21 mars, mais également le 7 mars pour la manifestation féministe, pendant laquelle en plus de subir la répression policière il a fallu se coltiner le sexisme et l’antiféminisme primaire des flics. À un moment où les manifestations sont de moins en moins massives, ce dispositif policier effarant ne fait qu’empirer les choses en dissuadant des personnes non militantes de se rendre aux manifestations.

Il est d’autant plus écœurant de voir un tel déploiement policier, quand on sait ce que cela coûte et que l’on nous martèle par ailleurs qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses pour justifier, par exemple, trois milliards d’euros d’économie dans le service public hospitalier.

Enfin, il est insupportable qu’à chaque manifestation, les militantes et militants soient soupçonné-e-s de violence, alors que les flics peuvent tuer, mutiler, violer, tabasser, contrôler, en étant presque systématiquement lavé-e-s de toute culpabilité. On voit bien que la défense de la liberté d’expression endossée par les politiciennes et politiciens en janvier dernier n’était qu’une posture de façade, et surtout était la défense d’une expression qui va dans leur sens.

Alternative libertaire Toulouse

Illustration : Affiche sérigraphiée, Suzanne Cardinal

 
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