Unedic : Intermittents, précaires, travailleurs, chômeurs, toutes et tous ensemble !




Medef et syndicats n’ont pas réussi à conclure un accord au cours des réunions de renégociation de la convention Unedic (assurance chômage). Le Medef souhaite arracher un accord tranchant le sort des chômeur(se)s et des intermittent(e)s du spectacle avant la fin décembre 2005. Ces derniers s’efforcent d’impulser une mobilisation fédératrice qui permette d’éviter de nouveaux reculs et fasse avancer des revendications pour un statut plus égalitaire.

Les manœuvres de couloirs ne connaissent pas de trève et le Medef entend les mettre à profit pour obtenir la signature d’un ou de plusieurs syndicats minoritaires d’ici la fin décembre 2005.

Si la manifestation parisienne (le 3 décembre dernier) de 3 000 personnes contre le chômage et la précarité à l’initiative des associations de chômeur(se)s et précaires n’a pas eu de suite [1], les intermittent(e)s reprennent leurs actions pour défendre leur régime d’indemnisation spécifique déjà sévèrement attaqué par l’accord Medef/CFDT du 23 juin 2003.

Pour le Medef, l’enjeu est simple. Il s’agit d’obtenir une réduction de la durée d’indemnisation des chômeur(se)s, une dégressivité de leurs allocations, et en finir avec le régime d’indemnisation des intermittent(e)s, ces derniers devant devenir des travailleur(se)s intérimaires aussi flexibles que possible.

Après la longue lutte de 2003-2004, les intermittent(e)s tentent de se remobiliser pour défendre leur statut et tenter d’obtenir un régime plus égalitaire que celui auquel ils/elles sont soumis(es) et qui découle de l’accord inique de 2003 rejeté par l’ensemble des professions du spectacle.

Début de remobilisation

C’est dans cet esprit que 200 intermittent(e)s se sont réuni(e)s en assemblée générale à l’initiative de la CGT et de la Coordination des intermittent(e)s mercredi 13 décembre. Cette réunion a débouché sur une première action : l’occupation du Théâtre de la Ville de Paris. Les actions se sont multipliées dans d’autres villes comme Marseille, Toulouse ou Bordeaux.

Il s’agit d’obtenir une indemnisation plus égalitaire, plus juste sur la base de 507 heures travaillées à l’année.

L’accent est mis sur l’information des enjeux de la nouvelle convention tant en direction de celles et ceux qui se sont mobilisé(e)s en 2003-2004 que des nouveaux/elles arrivant(e)s dans la profession. C’est un travail indispensable pour espérer pouvoir mobiliser la profession.

Autre aspect de la mobilisation actuelle, constituer un pôle de mobilisation qui ne se limite pas aux intermittent(e)s mais qui intègre les précaires et les chômeur(se)s soumis au régime général d’indemnisation du chômage.

C’est ainsi qu’à Paris, la Coordination des intermittent(e)s et AC ! participent à un rassemblement tous les mardis à 13 heures devant le siège de la CFDT avec les mots d’ordre : « Nous ne sommes pas des variables d’ajustement », « Précaires, chômeurs, intermittents, solidarité ».
Il s’agit de dénoncer l’action de cette confédération syndicale qui a souscrit à tous les reculs des droits des chômeur(se)s imposés par le patronat ces dernières années et défend la constitution d’une caisse autonome pour les professions du spectacle, ce qui aboutirait à la casse du régime interprofessionnel d’indemnisation.

Si tous les regards sont actuellement tournés vers la CFDT afin de savoir quand elle va dégainer son stylo, les inquiétudes des chômeur(se)s, précaires et intermittent(e)s visent aussi la CGT dont la fédération du spectacle reste une des plus combatives mais dont la direction confédérale se tient en retrait de cette lutte encore balbutiante à l’instar de ce qui s’est passé à la RTM et à la SNCM.

Des élu(e)s sous pression

Les intermittent(e)s n’oublient pas non plus les parlementaires et s’efforcent d’articuler remobilisation sociale et lobbying. Ainsi ils/elles ont obtenu l’accord de 470 députés de gauche et de droite pour que le projet de loi qu’ils/elles défendent soit examiné au printemps 2006 par l’Assemblée nationale.

C’est cette action double qui avait permis, en 2004, de faire reculer le gouvernement sur plusieurs points et d’empêcher l’application de la convention du 23 juin 2003 aux femmes enceintes et poussé le ministre de la Culture à créer un fonds de soutien aux intermittents. Cette action a toutefois des limites car elle n’a pas permis de venir à bout de la convention et l’aide du fonds de soutien est soumis à des reclassements liés au Plan d’aide au retour à l’emploi, qui oblige un(e) chômeur(se) à accepter un travail sans rapport avec sa profession, un refus de sa part entraînant des sanctions financières (de la réduction des allocations chômage à la radiation).

Toujours est-il que le projet de loi des intermittent(e)s, élaboré à partir de leurs revendications, sera un élément important du débat. Il est actuellement sur le bureau du président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré. Les députés de la majorité peuvent lui opposer très facilement un vote négatif, mais la bagarre risque d’étre rude, dans la mesure où bien des élu(e)s UMP redoutent une mobilisation qui déboucherait sur l’annulation de festivals et une importante baisse du chiffre d’affaires dans leur commune.

C.C. et L.E.

[1À la différence d’autres années, il n’y a eu aucune mobilisation pour obtenir le versement d’une « prime de fin d’année ».

 
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