Université : Bâtiments dangereux à Paris VII




Le 24 mai, avait lieu un important procès concernant la validité des permis de construire de bâtiments de l’Université Paris VII, construits par Vinci. La rapporteure publique recommande l’annulation des permis. Explications.

En 2009, l’Université de Paris VII, l’État et un groupement de filiales de Vinci signent un partenariat public-privé (PPP) pour la construction de nouveaux bâtiments. Le contrat s’élève à 273 millions d’euros, assumés en partie par l’État et en partie par Vinci, et l’État devra louer par la suite des locaux propriété de Vinci durant trente ans. Un bon plan pour l’entreprise, et manifestement pour Vincent Berger, président de l’Université de Paris VII, qui après avoir réussi à faire voter par le conseil d’administration un contrat auquel n’ont pas eu accès les votants – au prétexte du secret industriel –, fera également voter un avenant stipulant que tout surcoût supérieur à 500 000 euros (somme négligeable quand on parle de tels travaux) sera assumé entièrement par l’Université.

À l’époque, plusieurs syndicalistes notamment de Sud-Étudiant et du Snesup, ainsi que des personnels non syndiqués, dénoncent cette façon de dilapider l’argent public pour financer Vinci. En outre, ils relèvent de nombreuses mal-façons dans la construction : risques d’écroulement, normes incendie allègrement ignorées, accès handicapés non respectés... Malheureusement, malgré quelques assemblées générales bien garnies, aucune lutte d’ampleur n’émerge, la plupart des personnels voyant leur déménagement dans de nouveaux locaux comme une bonne chose, et les étudiants et étudiantes se désintéressant de bâtiments qu’ils n’utilisent pas. Les quelques tireurs d’alarme vont donc seuls à la bataille, et se voient opposer une fin de non-recevoir de la part de la présidence de l’Université, qui entame une campagne de propagande contre les râleurs. Les syndicalistes étudiants sont catalogués comme manipulés, ceux du personnel comme réglant des comptes avec le président, et les bâtiments se construisent.

Riposte juridique

Des enseignants et enseignantes, plusieurs associations de l’Université et du quartier, et le syndicat Sud-Étudiant décident alors de contre-attaquer en déposant des recours contre les permis de construire de deux bâtiments. Trois ans plus tard, les conclusions de la rapporteure publique sont sans appel : les permis de construire dévoilent des bâtiments dangereux et inadaptés à leur fonction, et doivent être annulés. Coup dur pour Vinci, qui n’hésitera pas à mentir directement à la justice en essayant de se justifier. Son avocate affirmera que les jardins d’un bâtiment inaccessible aux handicapés sont fermés à tous ou encore que les seuls étudiants ayant accès aux étages sont des doctorants (quiconque utilise ce bâtiment sait qu’il n’en est rien).

Dernier élément important, le dossier de Paris VII n’est pas isolé, et est regardé de près.

Comme à NDDL

Il existe en effet un autre grand projet, également en PPP, également avec Vinci, sur lequel l’État est en difficulté : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Pour Vinci, déjà constructeur de la fameuse coque du terminal 2E de Roissy qui s’écroula en 2004 faisant quatre morts, cette mauvaise pub est malvenue. C’est peut-être ce qui explique, alors que le délibéré du procès devait à l’origine être rendu le 15 juin, que d’étranges reports nous empêchent de le connaître à l’heure où nous bouclons. Ne reste qu’à espérer que les pressions probablement à l’origine de ce retard ne convaincront pas la juge de revenir sur les conclusions de la rapporteure publique. Le vrai problème de l’affaire étant que Vinci resterait malgré tout intouché, l’Université assumant seule les surcoûts de mises aux normes éventuelles.

François Dalemer (AL Paris-Sud)

 
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