Antipatriarcat

Violences sexistes : Contre les mutilations génitales ici et ailleurs




Si l’on associe la notion de mutilations génitales à l’excision et autres pratiques qui ont toujours cours dans certains pays d’Afrique et du Moyen Orient, l’Europe, sous d’autres formes, n’y est pas étrangère.

Le 6 février se tiendra la « Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines ». Sous ce nom à rallonge, un combat phare de l’ONU et de l’UNICEF qui se concentre sur les pays d’Afrique et du Moyen Orient où ces pratiques sont encore trop courantes.

Ces deux dernières années, elles ont même connu une recrudescence liée à la pandémie. Les mesures de prévention ont, comme partout, réduit l’activité économique et diminué les ressources générales des populations, accroissant ainsi la pauvreté et rendant difficile l’accès aux divers services d’aide face aux mutilations génitales. Lors de cette journée internationale, l’UNICEF a alerté l’année dernière des conséquences de cette situation sur les fillettes, qui se retrouvent d’autant plus vulnérables et exposées aux mariages forcés et aux mutilations génitales [1].

Dépasser les biais racistes et impérialistes, qui n’associent les mutilations génitales qu’aux seuls pays d’Afrique et du Moyen Orient, permet de constater que l’Europe n’est pas exempte sur cette question. Loin s’en faut.

En témoigne les pratiques médicales pour laquelle la France a déjà été condamnée plusieurs fois et qui font régulièrement subir aux enfants intersexes [2] traitements hormonaux et mutilations génitales pour être conformées à l’un des deux sexes reconnus, et cela sans raison médicale.

(c) Estelle Prudent

Mais ces mutilations se retrouvent aussi dans le spectre des violences gynécologiques. On pense aux nombreux témoignages, trop peu pris au sérieux, de mutilations génitales pendant et après l’accouchement [3], ou bien encore de vaginoplasties volontairement bâclées sur des personnes transgenres.

Des pratiques légales sur les enfants intersexes

Plus généralement, les injonctions patriarcales à la « beauté » génitale amènent leur lot d’opérations chirurgicales qui entraînent parfois des mutilations involontaires. Il s’agit de se faire resserrer le vagin, raccourcir les lèvres, reconstruire l’hymen, blanchir la vulve... Bref, de retrouver les caractéristiques génitales propres aux jeunes filles à peine nubiles, c’est à dire mineures. Celles-là même qui subissent excisions et mutilations génitales ailleurs. La décoloration des poils et de la peau étant le fait d’un système patriarcal éminemment raciste.

(c) Guillaume Piron

Ici où ailleurs, le patriarcat reste fidèle à lui-même et ses victimes sont immanquablement les mêmes. Luttons contre toutes les violences génitales, partout, et quelles que soient leurs formes.

Bibi et Sissi

[1Voir le communiqué de l’UNICEF du 3 février 2022 sur leur site internet.

[2Les personnes intersexes sont les personnes « qui présentent des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions binaires typiquement mâle ou typiquement femelle, que ces caractéristiques soient visibles à la naissance ou apparaissent plus tard au cours de la vie, notamment à la puberté », définition du site Stop Mutilations Intersexes.

[3Par exemple, le « point du mari » consiste à effectuer un point de suture supplémentaire après une épisiotomie afin d’accroître le plaisir sexuel du mari.

 
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