Violences sexistes : Un statut autonome pour les femmes




Samedi 5 novembre aura lieu la traditionnelle manifestation contre les violences faites aux femmes. Par-delà les mots d’ordre classiques, il faudrait surtout s’attaquer à la pression sociale à être en couple.

Avant la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre), la manifestation du 5 novembre portera des revendications habituelles : en matière de violences conjugales, prévention-éducation-formation, protection des victimes, titre de séjour pour les femmes étrangères, accès au logement, suppression du délit de racolage et un observatoire des violences. Le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) milite depuis plusieurs années pour une loi cadre contre les violences conjugales et cette revendication a été mise de côté après l’adoption d’une loi décevante, surtout répressive.

C’est pourtant dans le cadre du couple – ou des qualités imaginées nécessaires pour être une « bonne épouse » – et de la famille que les femmes et jeunes filles subissent le plus de situations de violences : viols par inceste, viols conjugaux, violences psychologiques et physiques, meurtres dit passionnels souvent au moment de la séparation, meurtres pour des problèmes de dot, excision et infibulation, lapidation pour adultère, crimes d’honneur, mariages forcés, mariages de fillettes, contrôle de virginité et réfection d’hymne, enfermement sous du tissu, interdictions diverses (conduire, sortir seule...), la liste est sans doute incomplète.

Bien sûr, il y a aussi d’autres violences à ne pas négliger, les violences au travail, les viols et violences de guerre, la prostitution et les autres violences qu’on pourrait appeler « de rue », là encore, la liste ne prétend pas à l’exhaustivité.

[*Libre de ne pas s’encoupler*]

Si le couple est le lieu premier des violences faites aux femmes (après la guerre), vouloir éradiquer la violence passe par libérer les femmes de l’obligation sociale à se mettre en couple, par le développement de l’idée que c’est un choix de vie comme un autre, pas une nécessité. Si les femmes étaient libres de ne pas s’encoupler, elles refuseraient les brutalités « conjugales ».

On pourrait lutter contre les violences conjugales en prenant des mesures pour l’indépendance et pour un statut autonome des femmes :

– Égalité réelle des salaires : les statistiques donnent 17 % de différence résiduelle de salaire toutes choses égales par ailleurs, ce pourcentage lié au seul sexisme doit disparaître ;

– Interdiction du temps partiel : les femmes occupent plus de 80 % des emplois à temps partiel, rarement par choix, ce qui les contraint à dépendre économiquement d’une autre personne ;

– Disparition des statuts de couple en termes de prestations sociales : le revenu d’une personne ne doit pas dépendre du fait qu’elle vit ou non avec une autre : de même, l’imposition ne devrait pas être de couple mais individuelle. Cette imposition fait qu’il est intéressant que la femme gagne moins. Le RSA voit son montant par personne baisser si il y a vie à plusieurs, voire disparaître si les deux conjoints ont des revenus importants ;

– Revalorisation des retraites : de nos jours, des veuves se remettent en couple simplement parce qu’elles ne peuvent pas subvenir à leurs propres besoins matériels ;

– Disparition de la distinction mademoiselle / madame : ce qui peut paraître anecdotique a une réelle importance : la nécessité de justifier d’un « propriétaire » est une contrainte que n’ont pas les hommes ;

– Loi anti sexiste en matière de publicité : si la publicité peut nous faire acheter des produits inutiles, elle peut sans doute nous influencer par l’image du bonheur, en couple avec la femme dans la cuisine, qu’elle véhicule ;

– Interdiction de la tolérance autorisant les femmes à porter le nom de leur mari ;

– Statut autonome des femmes immigrées : une femme qui rejoint son mari en France perd le droit de rester en France en cas de séparation, cette situation favorise les violences en donnant tout pouvoir aux hommes sur les femmes.

Christine R. (AL Orne)

• L’appel à la manifestation du CNDF : http://collectifdroitsdesfemmes.org/

 
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