Antifascisme

Zemmour : ces bourgeois qui soutiennent le candidat « antisystème »




Plus sa candidature devient probable, plus les soutiens de Zemmour se font nombreux. Banquiers, entrepreneurs, dirigeants de start-up... Des profils qui rappellent la campagne de Macron en 2017, signe qu’une partie de la bourgeoisie s’est radicalisée.

S’il y en a un qui a propulsé Zemmour aux portes de la candidature présidentielle, c’est bien Vincent Bolloré. Pendant deux ans, le milliardaire réactionnaire et catholique intégriste lui a offert une tribune médiatique sur son canal CNews, faisant de lui la personnalité phare de la chaîne. C’est aussi Interforum, filiale de son groupe Editis-Vivendi, qui assure la distribution et la diffusion du dernier livre de son protégé.

Sarah Knafo, magistrate de la cour des comptes passée par l’Ena, se dévoue corps et âme pour préparer la candidature du polémiste. Depuis des années, elle utilise ses contacts pour créer un réseau de soutiens bien installés, convaincu qu’un destin national l’attend. Elle aurait fait se rencontrer Zemmour avec Nicolas Dupont-Aignan ou Laurent Wauquiez dans son appartement parisien. Pour financer sa campagne, Zemmour pourra compter sur les recettes de son dernier livre auto-édité, qu’il estime à 4 millions d’euros. Mais comme ça ne suffira pas, les hommes d’affaires se bousculent au portillon.

Charles Gave, riche financier qui a fait fortune en créant un gestionnaire de fonds à Hong-Kong, se dit prêt à lui accorder un crédit de 300 000 euros s’il se présente. En 2019, il avait déjà prévu de financer la campagne européenne de Dupont-Aignan à hauteur de 2 millions d’euros, jusqu’à ce que sa fille soit exclue de sa liste pour propos racistes. Tel père, telle fille : lui-même enchaîne depuis des années propos islamophobes et complotistes jusqu’à manifester contre la dissolution de Génération identitaire.

On sort le portefeuille

Jonathan Nadler, banquier d’affaires dans la holding J.P. Morgan, se révèle aussi être un allié de poids. Sans que cela soit encore confirmé, il dirigerait une cellule de financement de campagne d’une dizaine de personnes dont on imagine facilement la classe sociale. Il y travaille avec Julien Madar, un pur produit de la « start-up nation ». Banquier d’affaire, créateur d’une association d’investisseurs, il est désormais directeur d’une entreprise de gestion locative. Une enquête de Radio France a révélé qu’il mettait une de ses boîtes aux lettres à disposition de l’association « Les Amis d’Éric Zemmour », permettant de recevoir les généreux dons des sympathisants.

Ces quelques noms ne sont que la face émergée de l’iceberg. Encore cet été, Zemmour aurait diné avec un aréopage de grands patrons, dont Henri de Castries, ex-PDG d’Axa, et Loïk Le Floch-Prigent, ex-président de l’entreprise pétrolière Elf.

En plus d’être raciste, sexiste et homophobe, Zemmour ne cache pas son programme économique libéral. Baisse des impôts des entreprises, retraite à 65 ans, fin des 35 heures... Malgré sa radicalité réactionnaire, rien d’étonnant à ce qu’une partie de la bourgeoisie soit tentée de le suivre dans son aventure.

Thomas et Nico (UCL Grenoble)

cc Jeanne Menjoulet

 
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