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Algérie : Pour que les classes populaires expriment leurs aspirations




Les surgissements populaires des 22 février et du 1er mars ont inauguré une situation nouvelle en Algérie non seulement en raison de leur ampleur mais surtout parce qu’ils ont déjà fait reculer un gouvernement dont l’arrogance antidémocratique n’a d’égale que la rigueur antisociale.

Dans son message du 3 mars, le président Abdelaziz Bouteflika s’engage en cas de réélection – qui ne fait guère de doute aux yeux de son entourage – à organiser une « conférence nationale indépendante » qui fixerait la date d’une présidentielle anticipée à laquelle il ne prendrait pas part.

De leur côté, les autorités françaises, par la voix du ministère des Affaires étrangères, déclarent avoir « pris note » de cette candidature à un cinquième mandat consécutif qui vient fouler au pied le choix du peuple algérien que la diplomatie française fait pourtant mine de respecter.

Si les Algériens, dans leur écrasante majorité, demeurent déterminés à refuser cette énième mascarade, de nombreuses illusions subsistent. Celles-ci sont entretenues par les partis d’opposition qui veulent que « tout change pour que rien ne change », sauf pour leurs intérêts particuliers.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, appelle d’une part, à l’auto-organisation des masses à travers des « comités populaires » et, d’autre part, à la tenue d’une Assemblée constituante où « les hommes d’affaires brisés par l’oligarchie auront leur place ». Comment comprendre ?

Dans un tel cadre, le mot d’ordre d’Assemblée constituante, qui a longtemps été porté par les démocrates, ne servirait en définitive qu’à donner un second souffle aux hommes de l’Etat, à la bourgeoisie et aux bureaucrates de l’Union générale des travailleurs algériens qu’il faudrait « sauver ».

Au lieu de la « reconstruction d’un consensus national et populaire », tel que proposé par le Front des forces socialistes, il revient plutôt à la jeunesse, aux travailleurs, artistes et intellectuels à constituer un nouveau rapport de forces, se fédérer librement et gérer eux-mêmes leurs propres affaires.

Seule la grève générale permettrait aux classes populaires d’exprimer leurs aspirations, tester leurs propres forces et prendre confiance en elles-mêmes, sans perdre un temps précieux dans des combinaisons politiciennes qui ne bénéficieraient qu’aux capitalistes, prétoriens ou intégristes.

Nedjib Sidi Moussa, le 4 mars 2019

 
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