Aliénation dominicale : Nos dimanches ne sont pas à vendre




Depuis le mois de septembre, les médias dominants mettent sous le feu des projecteurs une armée de salarié-e-s volontaires pour travailler la nuit comme le dimanche. Cette «  mobilisation  », largement encouragée par les entreprises, doit cependant être ramenée à sa juste proportion.

Sephora a été condamné le 23 septembre par la Cour d’appel de Paris à fermer à 21h le soir son magasin des Champs-Élysées. Le parfumeur bafouait depuis 1996 la loi interdisant le travail de nuit pour ce type d’activité. Une centaine de salarié-e-s sur 300 (4 000 sur toute l’enseigne) ont assigné en justice les syndicats à l’origine de la décision judiciaire. À Castorama et Leroy Merlin, condamnés à fermer une dizaine de magasins sous peine d’astreinte suite à la plainte d’un de leurs concurrents, c’est seulement 15 % du personnel qui est concerné par le travail dominical. A Monoprix enfin, c’est la CGT, majoritaire, qui a fait usage de son droit d’opposition suite à un accord qui repoussait la fermeture d’une centaine de magasins à 22h.

Volontariat forcé

Si les salarié-e-s qui travaillent le dimanche sont souvent volontaires, cela s’explique d’abord par la faiblesse des salaires du secteur  : un tiers du personnel de Sephora est à temps partiel (l’enseigne a pourtant doublé son chiffre d’affaires en cinq ans) et la majeure partie des salarié-e-s de ces enseignes de bricolage gagnent moins de 1 300 euros net par mois. Autre raison : pour beaucoup d’étudiants, il est nécessaire de travailler le week-end, le plus souvent au détriment de leurs études. Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer ces volontaires aux autres mais il est clair que la masse des salariés du commerce est bien décidée à ne pas brader ses dimanches et ses nuits au nom de la liberté du travail.

Banalisation

Ces employés doivent comprendre qu’ils ne vivent pas sur une île déserte : demain, en banalisant le travail dominical et de nuit, il deviendra un jour de travail comme les autres… et sans majoration. C’est le cas, par exemple, de l’hôtellerie-restauration où le dimanche est considéré comme un horaire ordinaire. Accepter de travailler le dimanche risque aussi de devenir un critère d’embauche  : il en était ainsi au Virgin des Champs-Élysées, ouvert sept jours sur sept et jusqu’à minuit, pour finalement fermer  [1]

La riposte est en marche

L’intersyndicale Clic-P, forte du succès emblématique de la fermeture de Sephora, a entamé une campagne de visibilité (conférence de presse et affichage) pour répondre à ce bourrage de crânes, prépare de nouvelles assignations d’entreprises contrevenantes et des manifestations. Le départ de FO du comité ne devrait rien changer tout comme l’affiliation du Syndicat des employés du commerce et de l’industrie (Seci), exclu de la CFTC car jugé trop combatif, à l’Unsa. La CFDT privilégie la voie contractuelle, pourtant désavouée à Monoprix. La fédération CGT du commerce, qui regroupe le plus grand nombre de syndiqué-e-s du secteur, et Solidaires sont décidés à mettre le paquet.

LD

[1voir AL n° 225 de janvier 2013 et AL n°229 de juin 2013

 
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