France insoumise : Le jeu dangereux de Mélenchon




Le programme et les discours de Mélenchon comportent un certain nombre de points inquiétants, sur le plan économique comme sur celui de l’installation des réfugié.es ou des violences policières.

Candidat de la gauche le mieux placé à la prochaine présidentielle, Mélenchon s’affiche comme socialiste antilibéral voulant redonner la parole au peuple. Cet antilibéralisme de façade s’inscrit ouvertement dans une politique nationaliste et populiste. Le programme de la France insoumise ainsi que les discours de Mélenchon donnent le ton : sortie des traités européens, rejet de la liberté de circulation des personnes, fermeture des frontières, soutien aux manifestations de flics post-mouvement loi travail…

Le programme économique de Mélenchon est explicitement protectionniste : marre des traités européens et traités de libre-échange qui sont la cause de la misère économique nationale ; les Britanniques ont fait ce qu’il fallait, vive le Brexit ! Mélenchon nous donne le mode d’emploi du retour à un capitalisme national, dans son programme JLM 2017. Il faut reconquérir notre espace maritime, ce qui permet à la fois de bouter les intérêts étrangers loin de nos frontières et de faire en plus de « l’écosocialisme ».

En gros, on va essayer de trouver de nouveaux marchés nationaux pour gagner notre indépendance économique. Outre que les espaces maritimes sont déjà exploités, Mélenchon vend un fantasme du mieux-vivre-entre-nous, sans les étrangers, leurs capitaux et leurs marchandises. La messe est dite dans une de ses interventions au Parlement européen : « Je crois que l’Europe qui a été construite, c’est une Europe de la violence sociale, comme nous le voyons dans chaque pays chaque fois qu’arrive un travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place. » Finalement le problème de l’Union Européenne, c’est les étrangers, pas les patrons !

Si Mélenchon a pu expliquer en sortant les rames que les étrangers et étrangères qui se trouvaient déjà sur le territoire français ne lui posaient pas problème, il n’en va pas de même pour les futur.es exilé.es. Là encore, Mélenchon ne mâche pas ses mots, il n’est pas pour le « déménagement permanent du monde, ni pour les marchandises ni pour les êtres humains ». Il n’est pas pour la liberté d’installation des personnes et déclare ne l’avoir jamais été, au cas où certains d’entre nous se feraient des illusions. Pour résoudre la crise migratoire, Mélenchon a la même solution que le Front national, c’est faire en sorte que les étrangers se sentent bien chez eux.

Pour un pouvoir autoritaire fort

Autre élément inquiétant du discours de Mélenchon, sa prise de position pour un État fort et autoritaire, comme dans sa vidéo de soutien aux manifestations de flics. Pour rappel les manifs de flics qui ont commencé en octobre 2016, succédant à la voiture brûlée à Viry-Châtillon, revendiquaient une plus grande immunité pour se « défendre » face à la « haine antiflic ». Dans un contexte où les violences policières se déchaînent en toute impunité, et après celles perpétrées par les flics pendant le mouvement contre la loi travail, ces manifs sonnent comme une provocation et ont un goût amer d’extrême droite.

Pourtant, comme le PCF, Mélenchon s’est jeté sur ce terrain électoral. Dans une vidéo de dix minutes enregistrée dans son salon, il explique que ces policiers ne manifestent que leur désespoir face à un État faible dont l’autorité est mise à mal. Il estime que cette « corporation » ressent un ras-le-bol légitime. Ces pauvres policiers ne font apparemment qu’exécuter les ordres et sont victimes de la perte d’autorité dont Hollande est par contre responsable… Il termine par un rêve d’unité : « Population et police républicaine doivent être une seule et même chose. » Bon les autres par contre, les non-républicains a priori, on peut se déchaîner contre eux, et à cet égard, Mélenchon appelle à une répression des plus fermes concernant les attaques contre les policiers.

Le discours de Mélenchon se veut séduisant par son aspect social au milieu du marasme néolibéral. Il n’est en réalité que le faux nez d’un capitalisme d’État, nationaliste et teinté parfois de xénophobie.

Flo (AL Montpellier)

 
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