Federazione dei Comunisti Anarchici

La chasse aux Roumains : contrôle, exploitation et violence de genre




Il n’y a pas si longtemps, il était suffisant d’être un « terrone » [1] pour être reconnu comme un mafioso, de nature violente et inférieur à la race pure du Nord de l’Italie. Si on les trouvait aux « mauvais endroits » cherchant du travail au nord ou rencontrant des difficultés pour trouver un logement, ils et elles pouvaient facilement être renvoyé-e-s chez par un avis d’expulsion. Aujourd’hui, la plupart des enfants et des grand-enfants de ces « terroni » qui finirent par trouver un travail dans le Nord ont oublié tout ceci, grâce à l’influence des pouvoirs en place. Mais maintenant ces gens s’en prennent aux derniers arrivé-e-s, surtout ceux et celles venant d’Europe de l’Est, en dépit du fait que plusieurs de ces pays font maintenant partie de la même Union européenne. Et comme les fins de mois deviennent de plus en plus dures pour ces gens, il est de plus en plus probable qu’ils et elles se mettent à réfléchir à l’énorme inégalité sociale et économique qui existe… et au besoin de trouver un bouc émissaire.
A chaque fois qu’une crise économique montre son nez et que de large pan de la population commencent à rencontrer des problèmes sociaux et économiques, on trouve généralement de nouveaux groupes de « terroni » à blâmer. Naturellement, Fini & Cie ne sont que trop heureux de jeter de l’huile sur le feu, mais après tout ce sont des fascistes (même si, ces temps ci, ils portent des chemises blanches et costumes deux pièces) et donc le racisme qui nourrit leur idéologie refait surface très facilement.

Ce qui est plus grave en revanche est ce qui s’est passé ces derniers jours (quoi que cela trouve parfaitement sa place dans le contexte politique actuel où l’ensemble de l’échiquier politique se trouve déplacer de plus en plus à droite). Une femme est attaquée par un Roumain et se retrouve entre la vie et la mort [2]. La réponse ? Un décret gouvernemental qui examine la possibilité d’expulser tous les Roumains et Roumaines du pays, des bulldozers qui rasent les taudis où des groupes de gens luttent pour survivre, des groupes « font la loi » dans la rue en attaquant les étrangers. Et les mesures, aussi inefficaces que démagogiques, sont présentées comme une solution à tous les problèmes : des problèmes qui vont du caractère agressif de ces défavorisé-e-s qui dérangent les conducteurs au feu rouge, à la pauvreté flagrante que l’on trouve dans la rue. Au niveau local aussi, tant de bons maires s’empressent de cacher la poussière sous le tapis. La frénésie des médias nourrie par des tas de données falsifiés.

Tout ceci met encore plus e, colère, quand on pense à toutes ces femmes qui ont été tuées de manière barbare dans les derniers mois par des hommes, maris ou petits amis, souvent qualifiés de « crimes passionnels » mais qui ne méritent pas le même outrage, la même tristesse ou la même détermination d’y mettre fin. La chose importante est de ne pas trop se focaliser sur la pauvreté grandissante, sur l’absence de politique sociale pour venir en aide aux personnes en difficulté ou aux migrant-e-s. Le monde la politique ne veut plus gouverner la société que par la force brute. La société civile a accepté l’équation qui dit que étranger-e-s=criminel-le. Mais alors que faisons nous des fascistes qui attaquent des Roumain-es ? Les expulse t’on d’Italie ou de l’Union européenne ? Les prive t’on de leur citoyenneté ? Ou sommes nous censés les considérer comme les sauveurs de notre mère patrie l’Italie ?

Le problème est que cet appel à une chasse aux sorcières est dirigé contre les travailleurs et les travailleuses, qui ont d’autres problèmes. A cause de la volonté du gouvernement de transformer la société en un troupeau silencieux et obéissant, combien de vrais problèmes se cachent derrière ce problème d’insécurité ? Le coût de la vie, les contrats de travail non respectés, la précarité qui ne cessent de croître, la privatisation toujours accrue des services toujours plus chers et moins efficaces, l’endettement sans fin et, en conséquence, la plus grande possibilité d’oppression et de contrôle social. Plus de peur, peur du futur, peur du pick pocket, peur de la différence…

Personne ne doute que pour avoir de meilleures villes, il doit y avoir moins de pauvreté. Elles doivent être des villes où il y a l’argent pour donner un toit à ceux et celles qui n’en ont pas. Des villes où investir dans la culture implique le dialogue entre les cultures et facilite l’intégration plutôt des « nuits blanches » ou des défilés de mode en plein air. Des villes où personne n’est clandestin et où tout le monde peut travailler légalement sans être sujet au chantage. Des villes où le désespoir n’est pas un processus sans fin, qui entraîne la mort des membres les plus faibles de la société (souvent les femmes). Pas des villes où des enfants sont explusés de leurs abris en carton parce que certains ont peur des étranger-e-s.

Mais pour avoir le genre de ville que nous voulons, différentes de celles qu’ils sont en train de nous construire, nous devons redonner vie à la lutte des classes. Nous devons agir pour réduire les inégalités et pour renouveler la solidarité entre les hommes et les femmes de toutes nationalités. Tout le monde doit connaître les limites de cette société, une société où la richesse d’une poignée et l’exploitation de la majorité ne cessent de croitre et où la violence faite aux femmes est toujours en toile de fond.

Contre le racisme, les politiques sexistes et l’Etat policier. Solidarité, lutte des classes et lutte féministe !

Federazione dei Comunisti Anarchici, 6 novembre 2007

[1« Terrone » est une autre façon de designer les Italien-ne-s issu-e-s du la partie pauvre paysanne de l’Italie méridionnale.

[2Cette est malheureusement décédée suite à cette agression.

 
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