Otan : Grand’messe belliciste à Strasbourg




Lors du prochain sommet de l’Otan, les 3 et 4 avril 2009 à Strasbourg, les chefs d’État des 28 pays membres et des 3 pays candidats vont nous expliquer qu’il faut renforcer nos armées… pour préparer la paix ! L’organisation du contre-sommet fera entendre une autre voix .

Dans le contexte économique actuel, l’accès aux ressources naturelles et la domination de zones stratégiques va devenir plus cruciale [1], surtout pour l’empire américain de plus en plus menacé. La stratégie d’extension de l’Otan n’a donc aucune raison de s’arrêter. Le grignotage des zones d’influences russes va se poursuivre avec les discussions sur l’intégration de la Géorgie, de la Macédoine et de l’Ukraine dans l’alliance militaire occidentale. Mais la justification sera toujours le combat « pour la démocratie » et « contre le terrorisme ». Comme le déclarait Patrick Stephenson (ancien consultant de l’Otan) dans la revue de l’Otan en 2006, « la demande mondiale n’a jamais été aussi grande pour les services de l’Otan, unique fournisseur de normes libérales et démocratiques occidentales par des moyens politiques et militaires ».

Plus que jamais, une riposte internationale est nécessaire, avant que le bellicisme ne s’emballe et devienne irréversible. Le sommet de 2009 se déroulant de chaque côté de la frontière (Strasbourg-Baden Baden et Kehl) s’annonce comme une grosse opération de com’, jouant sur la symbolique de la réconciliation franco-allemande et de la réconciliation européenne est-ouest, soixante ans après le début de la Guerre froide.

Guerre pour la paix

Loin de là, les Afghans et les Afghanes continuent à subir une présence militaire qui ne les libèrera pas de l’obscurantisme des talibans [2]. L’élection de Barak Obama, ressentie comme un signe de détente, ne changera rien. Dès le 24 juillet 2008, lors d’un discours à Berlin, le candidat démocrate confirmait la poursuite de la politique américaine : « Je reconnais qu’il y a d’énormes difficultés en Afghanistan. Mais mon pays, comme le votre, a intérêt à ce que la première mission de l’Otan en dehors des frontières de l’Europe se solde par un succès. Pour le peuple afghan et pour notre sécurité commune, il faut faire le travail. L’Amérique ne peut pas le faire seule ». Le 13 décembre 2008, l’armée américaine annonçait qu’elle ne quittera pas l’Irak en juin 2009 comme prévu, mais plutôt en 2011… et uniquement pour transférer ses soldats en Afghanistan !

Riposte mondiale

Notre réponse doit être internationale ! Il faut réagir avec les mouvements anti-impérialistes des pays de l’Otan, pour rendre injustifiable le maintien de nos troupes dans les pays occupés, pour rendre par avance injustifiable tout nouveau déploiement militaire, que ce soit en Géorgie ou en Iran… Mais c’est aussi et surtout avec les mouvements sociaux et les résistances populaires dans les pays sous domination de l’Otan, qu’il faut collaborer pour encourager l’émergence d’une alternative sociale et démocratique dans ces pays, que l’on voudrait réduire au choix entre les gentils occidentaux et les méchants barbares !

Le sommet de Strasbourg sera l’occasion d’un contre-sommet pour dénoncer le véritable visage de l’Otan et construire, avec toutes les forces anti-impérialistes présentes, une résistance mondiale. L’enjeu de ce contre-sommet sera de bloquer le sommet de l’Otan, comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999. Un village autogéré sera aménagé pour favoriser les débats et la diffusion de l’information anti-Otan. Mais ce contre-sommet ne sera une réussite que par la participation massive des travailleurs et travailleuses. Ne nous laissons pas enfermer dans la rhétorique morale du pouvoir qui oppose les méchants contestataires à la brave opposition institutionnelle. Il nous reste trois mois pour donner à ce rendez-vous un retentissement international et ne pas se contenter d’une manifestation médiatique à deux mois des élections européennes.

AL Alsace

[1Voir « Sarkozy, homme de Washington », dans AL n°178, novembre 2008

[2Voir « Afghanistan : les mensonges de l’Otan », dans AL n°177, octobre 2008

 
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