Sans-papiers : À la base de la CGT, la lutte continue




Même si la direction confédérale est dans une position de repli, les unions locales et les syndicats reçoivent toujours une forte demande de solidarité. Et ils y répondent.

Les grèves de travailleurs et de travailleuses sans papiers ont fait la Une et les syndicats ont été contactés par environ 3 000 personnes. L’objectif de 90 % de régularisations affiché par la CGT n’est à ce jour pas atteint, mais plus de 70 % des dossiers ont enregistré une avancée avec l’attribution d’une carte d’un an ou d’une autorisations provisoire de séjour. On peut à ce jour, dans la région parisienne, parler de 1 200 sans-papiers régularisés. Depuis mi-août, les piquets ont été levés sur de nombreux sites en lutte. Certains suite à une victoire, d’autres suite au coup de frein de la confédération CGT : « et maintenant, tout le monde aux prud’hommes ! ».

Au « cas par cas », ces études de dossiers vont durer encore des mois et des mois. Des grèves isolées, menées par des syndicats de lutte (Sud ou CGT par exemple) peuvent être déclenchées, mais ce sera désormais sans le soutien de la confédération. Ainsi des sans-papiers partent en grève seuls et les unions locales (UL) de syndicats. doivent rattraper le coup. De plus des UL comme celle de Paris XIXe continuent à tenir des permanences et lancent encore des luttes. A la permanence du mercredi et du lundi de l’UL-CGT XIXe, des militants et des militantes de Sud-Culture, Éduc, Santé… viennent donner un coup de main.

Cas par cas : fausse question

La lutte a fait apparaître dès le départ des laissés-pour-compte, notamment les travailleuses et les travailleurs isolés, à temps partiel ou dans les petites boîtes. En fait cette histoire de « cas par cas » est un faux débat. À partir du moment où un sans-papiers constitue un dossier seul, avec une association ou un avocat, c’est du cas par cas. Quand les sans-papiers entrent en lutte collective, c’est parce qu’ils pensent que collectivement ils ont plus de chance d’obtenir leurs papiers en créant un rapport de force ! A travers ces luttes collectives, c’est bien la conscience de classe qui s’élève. Et la solidarité qu’on met en pratique.

Tous les mouvements de sans-papiers se sont toujours conclus en France par des régularisations au cas par cas par les préfectures suivant des critères d’une loi, d’un décret ou d’une circulaire. Ce qui importe, c’est que ces textes ont résulté d’un rapport de forces. Mais désormais, le problème est ailleurs. Depuis dix ans nous n’arrivons plus à gagner des possibilités de régularisation de plein droit. Depuis la réforme de 2006 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), ces possibilités sont même en régression constante. Paradoxalement, la CGT et Droits devant !! continuent de s’appuyer sur la circulaire du 7 janvier 2008 sur les « régularisations par le travail », qui a plutôt pour but de restreindre les possibilités de régularisation.

À Paris, alors que les militants LCR ont été plutôt effacés, ceux et celles du PCF, de l’AL et des divers groupes maoïstes ont été moteur dans la structuration des grèves. Le PCF a même tout fait pour rappeler qu’il était toujours le « parti des luttes ».

Les enjeux politiques et syndicaux

Pour la CGT 75, deux enjeux existaient : 1) construire un vrai syndicat du nettoyage pour contrebalancer l’actuel syndicat CGT pro-patronal et communautaire affilié à la fédération Ports et docks ; 2) s’implanter dans le secteur du commerce. Même si la CGT est passé de la « régularisation de tous les sans-papiers », à la seule « régularisation des travailleurs sans papiers » voire même maintenant à une « régularisation des salarié-e-s ayant une promesse d’embauche et dans des secteurs en déficit de main d’œuvre », le mouvement n’est pas fini. Il peut encore se développer dans d’autres régions que l’Ile-de-France et toucher d’autres secteurs. En tout cas, dans l’Est parisien, les luttes continuent et de nouvelles grèves sont prévues dans au moins neuf boîtes.

Noël (AL Paris nord-est)

 
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