Sous-traitants de la SNCF : Grève exemplaire dans le nettoyage




Au mois de mai 2013, une grève de 12 jours a éclaté à Charenton (94) dans la société de nettoyage USP, entreprise sous-traitante de la SNCF chargée du nettoyage des rames TGV du réseau Sud-Est.

Les ouvrière et ouvriers du nettoyage se sont massivement mobilisé-e-s pour lutter contre la surexploitation et la dégradation des conditions de travail. En effet, alors qu’en 2008 il y avait 250 salarié-e-s en CDI sur le site travaillant en 3x8h, il n’y avait plus que 200 CDI avant la grève, le reste du travail étant sous-traité à une autre entreprise et avec un recours massif aux intérimaires, pour le plus grand profit financier de la direction de l’USP et au final de la SNCF. C’est ainsi une illustration des méfaits de la sous-traitance généralisée à la SNCF, avec la logique délétère de dumping social mise en œuvre au détriment de la classe ouvrière.

Précarité généralisée.

Par ailleurs, du fait des cadences infernales, la majorité des travailleurs et travailleuses souffraient de troubles musculo-squelettiques (TMS) importants, donc de problèmes de santé dus directement aux mauvaises conditions de travail. Au total, le sous-effectif chronique, les pratiques discriminatoires, les problèmes liés aux primes, les salaires de misère, les conditions de travail dégradées devenaient insupportables. Et comme menaçait un nouveau projet de la direction USP d’imposer des horaires à la carte, les syndiqué-e-s SUD-Rail ont organisé en amont la grève qui a été déclenchée au moment des congés du mois de mai, période des grands départs TGV.

Construire une grève majoritaire

Il a d’abord fallu surmonter plusieurs obstacles : une division des équipes de travail alternantes en plusieurs nationalités orchestrée par la direction, une division syndicale forte avec des délégué-e-s d’autres syndicats mangeant ouvertement dans la main de la direction et qui ne participeront pas à la grève. Au final, la grève a été suivie très majoritairement par les travailleurs et travailleuses avec occupation du chantier jour et nuit, des assemblées générales quotidiennes, des piquets de grève, des repas collectifs, des caisses de grève avec collectes de solidarité, des actions en gare de Lyon pour se rendre visible et faire pression sur la SNCF. Pour casser cette grève majoritaire, la direction USP, avec la complicité active de la direction SNCF, a usé de tous les moyens possibles : huissiers en permanence, tentatives de remplacement des grévistes par des intérimaires et des cadres USP et SNCF, provocations et intimidations... Mais la détermination des grévistes pendant ces 12 jours intenses, la solidarité active de cheminot-e-s du site et surtout de SUD-Rail ont permis de gagner la grève.

Les victoires de la grève

La majorité des revendications a été donc obtenue de haute lutte  : création de 40 postes en CDI avec priorité pour les intérimaires déjà en place et des critères d’embauches excluant les magouilles du passé ; attribution d’une prime de qualité à tous les salarié-e-s dernièrement embauché-e-s ; mise au placard du projet de flexibilité des horaires  ; ouverture d’une enquête du CHSCT (comité d’hygiène, sécurité et conditions de travail) sur les conditions de travail ; abandon des mesures de licenciement pour fait de grève à l’encontre de grévistes comme par hasard délégué-e-s Sud-Rail. Depuis, l’équipe syndicale Sud-Rail a été renforcée par la venue de quelques délégué-e-s des autres organisations syndicales qui ont participé à la grève, se positionnant ainsi contre leurs dirigeants corrompus. Et Sud-Rail est depuis devenue majoritaire au CHSCT, avec la volonté d’user de tous les outils syndicaux pour imposer de meilleures conditions de travail. D’autres victoires ne figurant pas dans l’accord de fin de grève sont également importantes pour l’avenir  : la participation au premier rang des femmes grévistes tout au long de la grève, la solidarité entre travailleurs et travailleuses du secteur privé et cheminot-e-s, des ouvrières et ouvriers fier-e-s d’avoir réussi à maintenir un rapport de force important et d’avoir gagné cette lutte.

Marcos Vega (AL Paris-Nord-Est)

 
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