Paix entre nous, guerre au capital




Une fois de plus les télés nous montrent des images d’ouvrières de Kindy, d’ACT ou de Daewoo en pleurs.

À chaque fois, c’est la même histoire, 20 années de travail dans la même boîte qui ferme, un bassin d’emploi qui se rétrécit, les campagnes alentours qui se désertifient et la cellule de reclassement comme voie de garage... Il serait vraiment temps que la peur change de camp.

Qu’ils soient traités de voyous ou pas, les patrons agissent partout avec la même violence.

Comme au début de l’année 2001, quand des « plans sociaux » s’étaient multipliés dans plusieurs grandes entreprises (Lu, Marks & Spencer, Air liberté, Motorola...), les confédérations syndicales dont la fonction devrait être d’organiser les solidarités interprofessionnelles assistent en silence avec une grande lâcheté à la multiplication des charrettes de licenciements sans broncher.

Conscientes qu’elles ne pouvaient compter que sur elles-mêmes les intersyndicales des entreprises en lutte contre les fermetures d’entreprises et les licenciements avaient alors pris l’initiative d’une campagne de mobilisation contre les licenciements.

On assiste actuellement à des velléités de coordination mais dans un contexte encore plus dégradé, sous l’impulsion des salarié(e)s de Lu, ACT, Daewoo et Metaleurop.

Les ouvrières et ouvriers de Lu à Calais et Ris Orangis à la pointe de la lutte en 2001 ont vu baisser leurs effectifs suite à des départs volontaires et des reclassements et sont au pied du mur avec une fermeture prévue fin mars. Air lib est au fond du précipice. Les travailleuses et travailleurs d’ACT délogés de leur entreprise par les CRS proposaient en février une manifestation nationale contre les licenciements...

Nous ne cessons de le clamer dans ces colonnes, au risque de lasser, il est pourtant urgent de trouver une alternative à la stratégie d’inaction syndicale et d’accompagnement théra- peutique des confédérations syndicale, car le cocktail guerre, récession, restructuration capitaliste constitue une véritable arme de destruction sociale massive.

Avec les emplois-jeunes et les surveillants

La seule lutte coordonnée est actuellement celle des emplois-jeunes et des surveillant(e)s de l’Éducation nationale (cf. pages 8 et 9) qui doivent affronter à la fois le gouvernement et les bureaucraties syndicales tout en essayant d’élargir leur lutte à tout le secteur public.

Elle gagne donc à être soutenue à l’image de ce que fait SUD Rail qui s’efforce de faire converger la lutte des emplois jeunes de la SNCF avec ceux de la fonction publique.

SUD Rail, qui en dépit d’une man¦uvre de l’intersyndicale de la SNCF pour l’évincer, participera à la journée d’action et de grève du 18 mars pour l’emploi, les salaires et les services publics et fera également de cette journée une grève internationale contre la libéralisation/privatisation du rail avec les syndicats cheminots de lutte britanniques, italiens et espagnols.

Un refus de la privatisation qui n’est pas qu’un slogan mais répond concrètement à la libéralisation du fret qui sera autorisée en France dès le 15 mars. Elle pourrait ainsi se traduire rapidement par la multiplication de trains de marchandises privés.

L’absence d’unité syndicale et de combativité bloque en revanche toute riposte à France Télécom alors que le plan Breton prévoit 13 000 suppressions de postes.

Enfin, à la Direction générale des impôts, où les conflits locaux se multiplient contre les restructurations de services, l’intersyndicale prévoit une grève pour l’emploi, les retraites et les salaires entre le 15 et le 20 mars soit en pleine campagne de déclaration d’impôt sur le revenu.

La routine serait-on tenté de dire. Pas de quoi destabiliser le Medef et le gouvernement. C’est sûr.

Le réalisme, ce n’est pourtant pas l’indécision et l’attentisme syndical, il est plutôt incarné par les jeunes précaires du secteur public qui font l’expérience de l’auto-organisation et essayent de repousser le plus loin possible les frontières du corporatisme. Il serait bien que les équipes syndicales de lutte du secteur public n’attendent pas qu’ils/elles s’épuisent et cherchent à se faire l’écho de leur lutte exemplaire parmi l’ensemble des travailleur(se)s.

Laurent Esquerre

 
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