Ecologie

Projet écocide : Lutte contre une « ferme électrique »




Dans le Pays de Fougères, un projet de « ferme électrique » sur le site d’une ancienne mine démontre, une fois de plus, l’hypocrisie du capitalisme vert. Une lutte s’organise.

À Montbelleux, dans le Pays de Fougères, se trouve sur une butte le site d’une ancienne mine de Wolfram surplombant les champs alentours. Son reclassement en site de mémoire du monde minier (grâce aux efforts d’une association locale), entouré d’un bois qui maintien un sol jamais vraiment dépollué était un compromis bancal qui, à défaut de réparer les dégâts fait à l’environnement, en stabilisait les effets potentiellement néfastes. Les choses aurait pu en rester là si un un agriculteur inspiré n’avait eu pour projet d’y installer une centrale électrique photovoltaïque. Ce « champs » de panneaux solaire répondant au doux nom de « ferme électrique » n’aura pourtant rien d’une ferme, et coche toutes les cases du projet inutile et imposé.

Pour être rentable économiquement, l’investisseur privé a réclamé à la mairie de pouvoir acquérir le bois afin de totaliser un espace de 16 hectares. Alors que nos contrées regorgent de hangars et de parkings qui, une fois couverts, pourraient accueillir des installations photovoltaïques, les pouvoirs publiques ont validé ce projet, arguant de la nécessité d’assurer la souveraineté énergétique de la région. Nous sommes donc face à ce qui semble être une véritable insulte au bon sens : des terres agricoles et un bois vont être rasés et artificialisés pour permettre de « décarboner » la production énergétique… Ajoutons qu’en cas de travaux et de déboisement sur le site, le risque de libérer des éléments (plomb, arsenic) dans les rivières alentours a été sous estimé par les pouvoirs publics.

En toute logique, un décret de 2009 interdit ce type de pratique. Mais il s’agit d’une bien maigre protection dans la mesure ou il suffit aux mairies de changer dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) la destination des terres agricoles, pour les rendre éligibles à ce type d’artificialisation. L’opacité des pouvoirs publiques en la matière (refus d’organiser des réunions publiques avec les riverains, de mettre à disposition les études d’impact, etc.) ne s’explique que par le caractère profondément absurde d’un tel projet, qui ne trouve son sens que dans son aspect purement économique.

S’organiser et lutter contre le productivisme « vert »

Ici encore, les considérations financière semblent primer sur le reste, l’agrivoltaïsme n’est qu’un nouvel espace de valorisation pour l’agrobusiness qui se fait au détriment de notre environnement et pour le bénéfice d’intérêts privés, sous couvert de souveraineté énergétique et de production dite « verte » (si si, vous savez, le vert des billets de dollars).

S’organiser et lutter contre les projets écocides doit faire partie de nos priorités. Nous sommes les premières et premiers touchées par leurs effets néfastes sur la santé, et les dernieères et derniers à bénéficier de leurs avantages économiques. Il s’agit donc, in fine, d’une question de survie pour les classes populaires.

Les marchands de rêves qui s’engraissent en nous promettant un monde décarboné et connecté, alors même qu’ils détruisent le vivant, nous trouverons toujours en travers de leurs bénéfices. Et s’ils s’obstinent, nous saurons leur faire payer nous aussi.

Dahel (UCL Fougères)

 
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