Zad : Un mouvement à unifier




Face à une société capitaliste qui s’entête à exploiter toujours plus hommes, femmes et ressources, les Zad répondent par l’action directe, avec tous les paradoxes politiques que cela implique.

Peut-on parler de mouvement unifié ? La mise en réseau opérée par les collectifs, via les rencontres de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) et les forums anti-GPII (grands projets inutiles et imposés), renforcent sûrement cette impression. Mais, à l’origine, les Zad représentent plutôt l’émergence d’une stratégie similaire d’occupation, remise au goût du jour par les mouvements No Tav italiens, face à des projets parfois petits comme Sivens mais aux graves conséquences écologiques (déchets, émissions de gaz à effet de serre, pressions sur les ressources) et sociales (destruction de terres agricoles, privatisation des espaces, concentration de l’activité). Elaborés sans concertation, ces projets reflètent les intérêts des classes dominantes du capitalisme (politiques, grandes entreprises, agriculteurs productivistes etc). Et la stratégie des Zad est la seule à leur poser vraiment problème, en bloquant physiquement l’avancée des projets. La seule à être à la hauteur de l’urgence écologique et sociale.

Car elles dénoncent tout autant l’aspect social des projets : les questions de qui décide, à quoi et à qui servent les territoires, quelle autonomie les individus exercent sur leurs vies, quel genre de « travail » ou d’emploi on souhaite.

En remettant en cause l’organisation sociale à ces niveaux cruciaux, en dénonçant les intérêts des aliénés de la croissance, en expérimentant d’autres manières de vivre et de s’organiser, elles posent des questions et présentent des exemples intolérables pour le capitalisme.

Un autre système

S’ils fuient même l’investissement dans l’action politique classique, ce qui fait la force des zadistes c’est l’opposition au système global et la construction d’un autre système. En témoigne le refus des projets « alternatifs » négociés avec le gouvernement. Le projet alternatif, c’est l’autonomie articulée à la préservation du lieu, d’où la réinstallation de paysans à NDDL, à Roybon.

Cette radicalité crée aussi des tensions. Elle est difficilement compatible avec l’opposition de type citoyenniste, qui ne sort jamais du dialogue respectable avec les autorités, même si certains ont pu donner une forme plus musclée à ce rapport de force (grève de la faim, plaintes).

Cette dynamique légaliste a parfois du mal à accepter la stratégie zadiste d’occupation et de refus de compromis, notamment quand la situation devient violente. C’est pourquoi on trouve souvent deux pôles, deux collectifs dans les mobilisations antiprojet. Si une certaine osmose entre les deux dynamiques, favorisée par les paysans, a pu se trouver à NDDL, et que les zadistes avaient fait la preuve que la lutte tenait autant sur la Zad que sur l’Acipa, l’unité a fini par céder et la solidarité face à leur répression n’a pas massivement joué. Parallèlement, la méfiance de certains zadistes face aux organisations politiques et syndicales, même révolutionnaires, complique souvent les relations entre les différentes composantes des luttes.

Mais malgré cela, les Zad enfoncent de nombreuses portes, et représentent un gros bâton dans les roues du capitalisme. Et comme d’habitude, sentant le danger, le système fait tomber une lourde répression sur les opposants et opposantes, nourrit les divisions, et stigmatise les « casseurs ». Face à cela, la solidarité est de rigueur pour agrandir les brèches que les Zad ont ouvertes.

Commission écologie d’AL

 
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