Tarn : Sivens au pays des réacs




Après l’expulsion de la Zad du Testet et des derniers opposants le 6 mars, il est utile de revenir sur le harcèlement organisé dont la résistance a été victime de la part de la police ou d’habitants du coin.

La répression gouvernementale à Sivens, « classique » tout d’abord (tabassages, arrestations et condamnations), n’a pas été différente dans le principe, mais dans le degré auquel elle a été appliquée, et ce à partir de l’installation d’une Zad semblable à celle de NDDL (octobre 2013). Même après le gazage d’une caravane, la mort de Rémi Fraisse, scandales vite oubliés dont les liens avec la violence policière, encouragée par le préfet Carcenac, sont pourtant évidents. Aujourd’hui : 5 personnes en prison, 27 en procès pour opposition sur le site et voie de fait en manif. Les peines : TIG, amendes spectaculaires (45 000 euros pour un jeune de 20 ans), et du sursis pour beaucoup ; tandis que de nombreuses irrégularités sont tues : non reconnaissance des blessures et des abus policiers en détention, contradictions dans le témoignage des flics d’un procès à l’autre. L’impunité est de mise, comme celle des assassins de Rémi Fraisse.

Les alliés de la répression

Les médias n’en parlent que depuis 2014, mais leur présence organisée remonte à la naissance de la Zad. Dès l’appel à occupation de la Métairie Neuve – seul bâti de la zone –, un groupe de vingt hommes cagoulés la rendent inhabitable, à coups de tronçonneuse. Par la suite, ils patrouilleront à une trentaine, sabotant des installations, déversant du lisier, puis agressant des militants voire des édiles en février 2015, sous l’œil complice de la police.

Qui sont-ils ? Des partisans farouches du productivisme agricole , dont l’intérêt économique s’accomode bien du discours de l’extrême droite : petits patrons organisés dans les chambres de commerce, agriculteurs de la FDSEA, militants frontistes, et mêmes des maires du coin dont l’un a fait fabriquer des T-shirts siglés de menaces antizadistes. Ils se proclament « brigades anti-bobos du barrage », mêlant antigauchisme et xénophobie. Mais surtout ils bénéficient du soutien moral et financier de la FDSEA, qui utilise ces groupes comme des hommes de main.

L’État ne fait rien, bien au contraire. Une remarquable collusion entre ces bandes et la police locale et nationale s’est jouée lors des rencontres de la journée internationale des zones humides le 1er février. Ces milices ont bloqué la zone, détruit des véhicules, fait pression, etc. Dégats matériels et agressions non enregistrées par le commissariat, qui regardait mêmes les probarrages bousculer les autres sans broncher.

La même semaine sur la Zad de Roybon, où les pro-Center Parcs sont aussi très actifs, un incendie criminel frappait une des constructions juste avant la manif de réoccupation des 7, 8 et 9 janvier. Le signal est donc bien donné aux actions réactionnaires. Derrière ses allures toutes propres et vertes, Ségolène Royal ne peut pas ignorer ces violences civiles. Finalement elles arrangent bien le gouvernement en faisant le travail de sape à sa place.

Mouchette (commission écologie)

 
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