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Entretien. Réseau Reta Sucialisimu o Barbaria : « Une voie vers l’autonomie devra nécessairement prendre en compte les droits sociaux »




Le réseau Reta Sucialisimu o Barbaria, qui regroupe des militantes révolutionnaires en Corse menait sa première action publique le 14 juillet dernier à Bastia. Ils nous présentent leurs orientations.

Alternative libertaire : Pouvez-vous revenir sur la formation du réseau ?

Réseau Reta Sucialisimu o Barbaria  : Au départ, l’idée de ce réseau a émergé d’un constat partagé par deux organisations, A Manca (organisation liée au NPA, NDLR) et la Ghjuventù Cumunista Cismontinca (Haute-Corse). Des militantes et militants sont partis du constat commun que trop de personnes acquises à l’idée d’une rupture avec le capitalisme en Corse n’avaient aucun cadre collectif pour agir et réfléchir. Ils ont été rejoints par des individus non-organisés acquis à l’idée de la construction de ce réseau.

Par ailleurs des combats portés récemment par une partie de la jeunesse corse (environnement, féminisme, LGBTQIA+, antifascisme) montrent qu’il y a une nécessité objective de fédérer tous ces combats légitimes d’une façon très souple et démocratique, dans le cadre de la transformation radicale de la société. Ce réseau se compose donc de personnes organisées par ailleurs ou pas.

Pour adhérer individuellement au réseau, il suffit d’être en accord avec sa charte. Le fil à plomb stratégique est la construction d’un socialisme autogestionnaire et démocratique comme seule alternative à la barbarie capitaliste. C’est aussi un réseau qui s’inscrit pleinement dans la lutte du peuple corse pour son droit à l’autodétermination.

Le réseau est très souple dans son fonctionnement car il ne s’agit ni d’un parti, ni d’un mouvement, ni d’un collectif d’organisations. Pour maintenir sa cohérence le réseau se construit autour de personnes qui sont en accord avec les principes de sa charte, principes qui ne sont pas négociables.

Quelles actions allez-vous ou avez-vous mis en place ?

La première campagne du réseau qui s’est déroulée durant tout le mois de juillet était centrée sur l’antifascisme. D’autres mobilisations suivront en fonction des choix des adhérents qui l’animent. Des actions de proximité sur divers sujets sont déjà envisagées pour la rentrée. Le réseau entend également animer des sessions de réflexions et d’échanges sur divers sujets (question corse, citoyenneté inclusive, etc.). Les actions doivent aussi s’articuler autour de temps de réflexion indispensables.

Que pensez-vous de la séquence actuelle qui s’est ouverte avec l’assassinat d’Yvan Colonna, notamment concernant l’autonomie de l’île ?

L’assassinat d’Yvan Colonna a agi comme le catalyseur de tous les mécontentements qui traversent la jeunesse corse et a généré un mouvement populaire déterminé. Il y avait à la fois une demande de justice par rapport à ce crime, mais aussi une très forte demande de prises en compte des revendications démocratiques du peuple corse. Le pouvoir autonomiste a demandé une pause au mouvement populaire pour laisser le temps de la négociation avec l’État français. Nous sommes très sceptiques sur la volonté du macronisme à véritablement rechercher les voies d’une solution politique en Corse, d’autant plus que la répression continue.

Si une voie vers l’autonomie s’ouvre, elle devra nécessairement prendre en compte les droits sociaux pour éviter que le processus d’évolution institutionnelle ne débouche sur des mesurettes conformes aux seuls intérêts des capitalistes et des patrons insulaires, dans le domaine de la fiscalité notamment.

Propos recueillis par l’UCL en juillet 2022

 
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