Facs : Quand les piquets montrent la réforme, les moutons regardent les piquets




« Quand les piquets montrent la réforme, les moutons regardent les piquets », c’était un slogan tagué sur les murs de l’université du Mirail après la levée des piquets de grève.

L’automne a été chaud sur Toulouse Le Mirail (fac de Lettres). Après un mois et demi de grève, la lutte continue contre la casse de l’université publique, orchestrée par les gouvernements successifs et marquée par l’application des décrets ECTS (votés en avril dernier).

Mercredi 27 novembre, les étudiantes et les étudiants réunis en assemblée générale, votaient la levée des piquets de grève durs, et ce dans une ambiance très tendue, marquée entre autres par un face-à-face (pour le comptage des voix) entre grévistes et non-grévistes ; mais aussi et surtout la présence de nombreuses et nombreux étudiants de l’Uni (filiale étudiante de l’UMP) de la fac de Droit venus voter ainsi que la pression psychologique exercée par de nombreux enseignants dont le président, se rangeant dans les rangs des antigrévistes pour le vote.

Ce vote intervenait après une semaine et demie de blocage totale des activités pédagogiques, au cours duquel tous les moyens furent utilisés pour que l’ordre soit ramené : provocations et bousculades devant les piquets, anathèmes et caricatures des médias locaux à l’égard des grévistes les faisant passer pour une minorité de nervis aux méthodes fascisantes et totalitaires, le SGEN-CFDT pressant le président de l’université Rémy Pech de faire intervenir la police…

Révolte et autogestion

Cette grève aura marqué les esprits et provoqué une confrontation idéologique importante entre les étudiants d’abord, et entre les étudiants mobilisés et les enseignants-chercheurs ensuite.

Mais ce qui est le plus remarquable, c’est la capacité et la volonté politique à poursuivre le mouvement, en dépit de reculs enregistrés sur les formes de lutte. En effet, traditionnellement les mouvements étudiants s’enlisent et disparaissent à la fin d’une grève. Or, le principe de grève a été revoté jusqu’au 11 décembre par des assemblées générales regroupant jusqu’à 1000 personnes. Le 12 décembre dernier, entre 1500 et 2000 étudiants, lycéens et pions ont battu le pavé de la ville rose, terminant la marche par l’occupation réussie de la Chambre de commerce et d’industrie. La mobilisation se poursuit donc. L’auto-organisation du mouvement, dont le comité de lutte et ses diverses commissions en est l’illustration, a connu des hauts et des bas, mais elle continue à rassembler jusqu’à 150 personnes.

Il est important de préciser que la force du mouvement réside dans son autogestion et dans le positionnement des syndicats étudiants de lutte tels que SUD-Étudiant et l’AGET-SE qui ont favorisé dès le départ ce fonctionnement.

La question des perspectives est aujourd’hui centrale, faute de n’avoir pu compter sur le développement national d’un mouvement de grève. La question d’une reprise de la grève au mois de mars-avril est débattue, d’autant que les universités auront les retours du ministère concernant les habilitations de diplômes. Si les diplômes et leur contenu sont reformatés par le ministère, cela pourrait mettre le feu au poudre.
Cela fait longtemps que la jeunesse ne s’est pas révoltée contre les lois du capitalisme et ses idéologies barbares, mais l’on sent comme un ras-le-bol latent ; un effet différé de la situation ouverte par le 21 avril dernier ?…

Il est évident que l’on ne pourra construire de véritables rapports de force contre le Medef et ses valets gouvernementaux, que si nous sommes en capacité d’articuler la lutte revendicative à l’aspiration à un changement radical de société. C’est dans cette voie-là que les militant(e)s libertaires interviennent et formulent des propositions d’actions et de transformation sociale.

Rémi (AL Toulouse)

 
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