Outre-Mer : Le patronat aboie, les cadeaux fiscaux passent




Si les Antilles sont retombées très vite dans les oubliettes de l’actualité médiatique après en avoir fait la une, la situation sociale est loin de s’être normalisée bien au contraire. Mais avant d’évoquer les luttes récentes, revenons sur l’opération Accor-Medef-Raffarin qui relève bien de l’escroquerie.

Quelques jours avant la grève générale lancée par l’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe) qui a affecté plusieurs secteurs économiques de la Guadeloupe, le PDG de la multinationale esclavagiste Accor, bien connue en France pour surexploiter notamment son personnel de nettoyage dans sa chaîne d’hôtels, annonçait son retrait progressif des Antilles.

Le gouvernement Raffarin réagissait rapidement en promettant de satisfaire la principale revendication du Medef aux Antilles à savoir l’obtention de nouveaux avantages fiscaux dans le secteur du tourisme, principale activité économique avec l’agriculture et le bâtiment. Dans le même temps, le gouvernement par l’intermédiaire de son préfet faisait arrêter, inculper, juger et condamner en première instance puis en appel à une peine de prison ferme un des dirigeants de l’UGTG, Gabriel Bourguignon.

Provocations en Guadeloupe

Une répression intervenant à la suite d’une action syndicale d’occupation du dépôt central de carburant de la compagnie Texaco en conflit avec son personnel suite à trois licenciements et au refus d’accepter une reprise de gérance par trois autres de ces employés (cf. Alternative libertaire n° 113, décembre 2002). À ce cas de répression de l’action syndicale s’ajoute un drame personnel puisque peu de temps après la condamnation de son fils le père de Gabriel Bourguignon est décédé, « de chagrin » d’après les proches de la famille.

Comme si cela ne suffisait pas, les autorités françaises ont refusé à Gabriel Bourguignon le droit d’assister aux obsèques de son père. Alternative libertaire dénonce les provocations et la répression antisyndicale du pouvoir colonial français, et exige l’arrêt de toutes poursuites et condamnation à l’encontre de Gabriel Bourguignon.

Nous espérons que des relations, actuellement bien trop faibles à notre sens, se développeront entre les indépendantistes guadeloupéens et les anticolonialistes français comme ce fut le cas en mai 2001 lors de l’incarcération de Michel Madassamy, syndicaliste de l’UGTG, afin d’informer sur le problème colonial la population française et de la sensibiliser aux luttes d’émancipation des colonisés.

Face à ces multiples provocations, on assiste à une union des forces indépendantistes tant syndicales que politiques.

Les gestes du gouvernement Raffarin sont destinés à rassurer le patronat. Accor envisagerait aux dernière nouvelles de ne plus plier bagage en Martinique et en Guadeloupe. Tiens donc.

Même revirement de la part de Texaco qui après avoir annoncé son retrait définitif de Guadeloupe dit qu’il restera finalement. Mais loin d’apaiser le climat social ces deux mesures n’ont fait que l’attiser, puisqu’à côté des mobilisations dans le secteur des produits pétroliers, les grèves touchent aussi les ports et docks et surtout le secteur hospitalier où aux problèmes de personnels s’ajoute un problème de tutelle administrative. Ce service public qui comme tous les autres dépend de la France est en fait administré depuis la Martinique ce qui renforce son caractère bureaucratique et joue un rôle important dans les dysfonctionnements qu’il connaît tant vis-à-vis du public que de la gestion des personnels, ces mêmes personnels hospitaliers de Guadeloupe veulent en finir avec ce mode d’administration et exigent des pouvoirs publics qu’ils laissent les Guadeloupéens et Guadeloupéennes décider pour eux/elles-mêmes.

Progrès des indépendantistes aux élections prud’homales

Il n’est pas inintéressant de conclure sur les élections prud’homales du 11 décembre.

L’UGTG a remporté les élections prud’homales du 11 décembre dans le collège des employés. Côté employeurs, c’est la liste de l’UDE-Medef qui arrive en tête. Une fois de plus, la participation au scrutin a été très moyenne (30 %).

L’UGTG confirme sa place de premier syndicat de Guadeloupe après sa victoire dans le collège employés lors des élections prud’homales du mercredi 11. Elle s’impose tant à Pointe-à-Pitre qu’à Basse-Terre. Dans le chef-lieu, en forte progression, elle arrive en tête dans les secteurs de l’industrie, du commerce, des activités diverses voire de l’agriculture. L’UGTG tourne en moyenne autour de 40 % contre « tout de même » 30 % à la CGTG.

Il y a 5 ans déjà, pour la première fois de son histoire, l’UGTG était sortie en tête du scrutin prud’homal, s’assurant la présidence tournante de l’institution.

Si la Guadeloupe fait beaucoup parler d’elle, les autres DOM ne sont pas en reste.

Ainsi en est-il de La Réunion qui a été marquée ces dernières mois par la lutte des emplois jeunes dont un certain nombre arrivent à leur terme, et qui, comme en France luttent contre leur licenciement et pour leur titularisation dans le secteur public.

En Guyane, l’Union des travailleurs guyanais (UTG, indépendantiste) a mené une grève de quinze jours dans les supermarchés du groupe Cora en réponse au licenciement d’un de ses employés accusé de vol.

Autre indicateur intéressant les résultats des élections prud’homales qui se traduisent en Guyane par une nouvelle percée de l’UTG qui obtient 16 des 21 sièges à pourvoir (la participation passe de 29 à 24 % par rapport à 1997).

CJ, le 19 décembre 2002

Dernière minute : Nous venons d’apprendre la libération conditionnelle de Gabriel Bourguignon.

 
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