Grève à France 3 : Illusions perdues




France 3 vient de connaître une des plus longues grèves de son histoire, un de nos camarades revient sur les raisons et les enseignements de ce conflit.

Il y a plus d’un an que le mécontentement couvait à propos des salaires bloqués depuis cinq ans. Quant aux conditions de travail, elles ne cessent de se dégrader notamment sous la pression de l’encadrement. En effet, celui-ci touche une sorte de prime à l’économie appelée « part variable ».

Cet été, un tract de la CGT révélait qu’une vingtaine de cadres de direction en Lorraine-Champagne-Ardennes, se partageaient 87 000 euros. Cet élément a certainement été un des déclencheurs.

À l’approche des élections prud’homales, chaque syndicat a déposé un préavis de grève sur les salaires mais à des dates différentes. Seule la CGT a mis en avant la réintégration des émissions fabriquées dans le privé, dénonçant les budgets publics accordés aux présentateurs vedettes/producteurs privés. Suivaient les points sur l’emploi et en dernier les salaires. Grosso modo les principaux syndicats se sont ralliés aux modalités de ce préavis mais sans constitution d’une intersyndicale.

Une grève statique

Le mouvement a tenu 23 jours avec une mobilisation inébranlable pratiquement jusqu’à la fin (entre 60 % et 100 % des rédactions en grève) mais malheureusement sans perspective d’action de la part des organisations syndicales. Globalement, les assemblées générales ont bien fonctionné, uniquement comme force de contrôle des syndicats mais sans être de vraies structures de débats et de propositions offensives.
Situation curieuse où, grâce à Internet, l’information entre les 25 régions est très bien passée, mais chacun allant s’informer dans son coin estimant pouvoir se passer de réunions pour échanger, discuter, envisager...

Certes la reprise du travail est amère puisque, mis à part l’engagement de la direction sur le renouvellement et le maintien de cars lourds de production et des investissements pour la vidéo mobile légère, aucun chiffre n’a été avancé quant à l’embauche des CDD qui travaillent régulièrement depuis des années.

Concernant les salaires, la direction a refusé de redistribuer la part variable des cadres et de la répartir équitablement, ainsi que les augmentations à la « tête du client ».

Cette grève qui fut avant tout une réaffirmation de l’attachement des personnels au service public, a permis de faire tomber les illusions ; nombre de salariés ont pris réellement conscience que la direction et la tutelle accéléraient le bradage de l’audiovisuel public vers le privé.

Bizarrement l’amertume n’a pas fait place au découragement et on peut espérer que la prochaine grève sera plus volontaire.

Stanislas Ticcoli


<titre|titre=Nouveaux-nés>

Au début du mouvement, deux sections SUD France 3 se sont constituées à Toulouse et à Paris-Île-de-France renforçant les sections de Besançon, Dijon, Nice et Ajaccio déjà existantes. À Toulouse où la CFDT est majoritaire, c’est SUD qui a animé la grève. Pour la première fois, la direction attaque SUD pour non-représentativité mais seulement à Paris. Quant à la CGT locale, une partie de la section semble mal accepter le nouveau-né.

 
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