Fête populaire contre l’extrême droite : Premier mai antifasciste et unitaire au Havre




Pour faire face à la tenue d’un évènement du Rassemblement national au Havre les différentes organisations du mouvement social ont réussi à se coordonner et à unir leurs forces pour organiser un contre-évènement populaire et unitaire.

Ce premier mai au Havre, le Rassemblement National bunkerisé dans un complexe évènementiel privé tenait sa première Fête de la Nation, pour laquelle Bardella et Le Pen étaient à l’honneur. Au grand air, la manifestation matinale du 1er mai, ici habituellement morose, a rassemblé plus de 12 000 personnes et a pris des couleurs libertaires dans un cortège antifasciste dense et déterminé. L’après-midi avait lieu un important contre-évènement : concerts et village militant regroupant une grande partie des forces syndicales, politiques et associatives de la cité océane.

Dans cette ville industrialo-portuaire, où le paysage militant s’est longtemps structuré autour d’une CGT et d’un PCF hégémoniques et réfractaires à l’élaboration collective, cette riposte unitaire n’allait pas de soi. Et si Le Havre a connu une tradition antifasciste dans les années 1990, celle-ci a progressivement décliné jusqu’à aujourd’hui. Dans ce contexte et en seulement quatre semaines, il a fallu construire une coordination antifasciste unitaire particulièrement large du fait de l’occasion.

Diversité des moyens d’action

Dans l’élan du mouvement social, cette coordination a réussi à poser un cadre unitaire suffisamment solide pour catalyser les forces vives. En décloisonnant les univers militants, elle a permis la mise en œuvre d’actions communes dont des formations et la création d’un cortège antifasciste unitaire et festif. Des organisations syndicales et politiques, mais aussi féministes, antiracistes et LGBTQI+, ont pu se retrouver autour d’un même objectif et de mêmes pratiques de luttes.

La stratégie de cette journée a été déterminée par un tiraillement entre une volonté d’organiser une fête des travailleurs et travailleuses d’ampleur pour « invisibiliser » le RN et celle ­d’une mobilisation spécifique contre leur venue. Si l’objectif d’empêcher la tenue de l’événement du RN n’a pas été retenu, l’acceptation d’une pluralité des tactiques de lutte a permis d’éviter des points de tension et de faire place à la créativité des moyens d’action. Dans cette dynamique s’est par exemple tenu fin avril un rassemblement en hommage à deux victimes de meurtres racistes dans les années 1990, perpétrés par des militants d’extrême droite. En revanche, si le village militant a réussi à faire venir une population moins militante que les manifs, l’objectif de mobiliser les classes populaires et racisées pourtant posé par la coordination n’a pas été véritablement atteint, à l’exception notable du convoi de la Marche des Solidarités parisienne descendue pour l’occasion.

Au Havre, cette expérience a ouvert la voie à de nouvelles pratiques de lutte. Elle montre la nécessité et l’intérêt d’un front antifasciste large, implanté (coordination inter-orga, VISA), qui soit capable de veiller et d’avoir une capacité réactive et offensive. Face à une extrême droite qui renforce ses attaques contre les luttes ouvrières, nous devons mener des ripostes populaires avec une ambition claire : ­l’écraser partout où elle cherche à exister.

Claire, Hadrien, Malo, Pierre (UCL Le Havre - Liaison de Caen)

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