Ecologie

Luttes No TAV : Un laboratoire toujours d’actualité




Depuis le milieu des années 1990, une lutte est menée des deux côtés des Alpes par les opposantes et opposants au projet d’une ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Les No TAV, apparues dans le Val de Susa, ont mené une lutte originale et riche d’enseignements qui est toujours vive et d’actualité. Récit d’une lutte qui ne faiblit pas.

En septembre dernier sur les hauteurs de Modane, à Villarodin-Bourget (Savoie), plus de 200 personnes étaient réunies contre le projet de ligne TGV Lyon-Turin. Les manifestantes et manifestants dénonçaient notamment l’assèchement des ressources en eau de la Maurienne, conséquence du chantier de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, projet soutenu des deux côtés des Alpes par les élues des principaux partis politiques, les entrepreneurs… et la Mafia [1], mais farouchement combattu par les populations locales.

Énième épisode d’une lutte qui naquit au milieu des années 1990, marquée par le mouvement No TAV qui a été un laboratoire politique concret très actif et ne cesse de se renouveler depuis.

Une mobilisation avant tout locale

En Septembre 2014, des camarades de la FdCA (Federazione dei Comunisti Anarchici) nous racontaient l’origine des No TAV  [2]. « Le mouvement No TAV [TAV étant l’acronyme en italien de Treno ad Alta Velocità, Train à Grande Vitesse] naît dans les années 1990 des assemblées populaires appelées par des comités spontanés des habitants du Val di Susa [à 50 kilomètres à l’ouest de Turin] contre le projet de construction de la ligne à grande vitesse entre Turin et Lyon.

L’opposition naît du refus de sacrifier une vallée entière, avec son économie, sa culture et ses habitants à un projet dont on comprend l’inutilité stratégique pour un développement économique effectif ainsi que les risques environnementaux et sanitaires qu’il implique.

On se souvient des impacts dévastateurs que le TGV a amené par exemple dans les Apennins avec la construction de la ligne Florence-Bologne – défiguration du territoire, épuisement des ressources pérennes et processus d’infiltration mafieux ainsi que présence dans les montagnes à franchir de minerais contenant de l’uranium et de l’amiante, avec le risque conséquent de propagation incontrôlée des fibres et des radiations. »

La lutte des No TAV est d’abord une lutte construite et menée localement dans une vallée où la mémoire collective est encore nourrie des récits de la résistance antifasciste des partisanes (toutes les sections ANPI – Associazione Nazionale Partigiani, de la vallée et même des zones limitrophes sont No TAV).

C’est en 1995 que se déroulent les premières manifestations d’importance et que la lutte se popularise hors du Val di Susa. La répression ne se fait pas attendre et des opposantes et opposants seront victime de l’arbitraire de l’État italien et de sa justice de classe. Comme souvent la mouvance anarcho-autonome est désignée coupable : Edoardo Massari et Soledad Rosas (alias Sun) en mourront, lui retrouvé pendu dans sa cellule, sa compagne, en liberté surveillée, se suicidera.

Une ZAD avant l’heure

À l’approche des Jeux de Turin qui se tiendront en 2006, la lutte s’intensifie, et les années 2003-2005 verront se succéder occupations, manifestations et finalement l’abandon provisoire des travaux. Régulièrement depuis, 2011-2012, 2018, les luttes reprennent au rythme des projets des promoteurs.

Côté français, même si la lutte est de moindre intensité, les opposantes et opposants au TGV Lyon-Turin sont et restent mobilisées. Les 17 et 18 juin prochains, les No TAV et les Soulèvements de la Terre organisent un week-end de mobilisation. Les groupes UCL de Savoie, de Haute-Savoie et de l’Isère seront présents et mobilisés contre les appétits des capitalistes.

David (UCL Savoie)

[2« No Tav : Le Val di Susa, un laboratoire pour de nombreuses luttes »,
Alternative libertaire, n° 242, septembre 2014.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut