Nucléaire : pourquoi il faut stopper le projet EPR




Partout dans le monde, l’industrie nucléaire est sur le déclin. Coûteuse, dangereuse, opaque, cette option énergétique est abandonnée un peu partout… sauf en France, où l’État veut nous obliger à en reprendre pour au moins 40 ans avec le projet EPR. Le 17 mars à Rennes, Lille, Lyon, Strasbourg et Toulouse, disons Non !

Le 1er janvier 2007, sept réacteurs nucléaires ont cessé définitivement de fonctionner : deux à Dungeness et deux à Sizewell (Angleterre), deux à Kozlodoui (Bulgarie), et un à Bohunice (Slovaquie). Il ne s’agit là que des prémices d’un déclin inexorable de l’industrie nucléaire mondiale, parfois présentée a tort comme faisant son “ grand retour ” à la faveur du réchauffement climatique. D’ici 2025, environ 250 réacteurs nucléaires fermeront sur les 435 fonctionnant actuellement sur la planète. Et la fermeture des autres arrivera dans les deux décennies suivantes. En revanche, la plupart des nouveaux réacteurs annoncés restent pour le moment très virtuels.

Grande-Bretagne : illusoire privatisation

Dans ce pays, 22 des 23 réacteurs actuels seront fermés en 2023. Certes, Tony Blair annonce des projets de nouvelles centrales, mais il est un des seuls à soutenir cette idée, face à une opinion publique défavorable. Qui plus est, Blair a annoncé que les éventuelles nouvelles centrales devraient être construites par des entreprises privées... sans subventions de l’État. Or le nucléaire ne s’est développé que lorsque des États lui ont consacré d’immenses sommes d’argent public – sans jamais demander leurs avis aux populations par ailleurs. Il est vraisemblable que, vers 2020, le nucléaire représentera moins de 1 % de l’énergie consommée en Grande-Bretagne.

Russie : pas de renouvellement

Poutine annonce de nombreux nouveaux réacteurs nucléaires, mais il est bien moins loquace concernant la fermeture prochaine des 31 réacteurs actuels : “ Tous nos réacteurs [opérationnels] s’éteindront dans dix ans. Pour éviter le “gel” du secteur nucléaire civil, il nous aurait fallu construire 1,5 réacteur par an depuis longtemps ” a expliqué un membre d’une délégation du Kremlin en visite aux États-Unis selon une dépêche de l’agence RIA Novosti du 7 décembre 2006.

États-Unis : la bérézina est en vue

Aucune commande de réacteur n’a eu lieu depuis l’accident nucléaire de Three Mile Island en 1979. Depuis, la durée de vie des 103 réacteurs en activité est régulièrement prolongée (jusqu’à 60 ans pour certains), augmentant considérablement le risque d’accident. George W. Bush a certes promis en juin 2005 de fortes sommes publiques aux compagnies privées qui construiraient des réacteurs nucléaires, mais aucun projet ne semble se concrétiser. Même si certains projets se réalisaient, ils seraient très loin de compenser la véritable bérézina qui frappera l’industrie nucléaire états-unienne lorsque les vieux réacteurs fermeront enfin – avant un nouvel accident nucléaire espérons-le.

Asie : la dernière frontière ?

C’est dans cette région du monde que les projets semblent, hélas, les plus sérieux. La Chine est parfois annoncée comme le “ nouvel eldorado ” parce qu’elle entend construire 30, voire 40, nouveaux réacteurs. Rien ne permet de penser qu’ils seront tous construits tant les investissements financiers seraient immenses mais, même si c’est le cas, la Chine produirait alors “ royalement ” 4 % de son électricité avec le nucléaire, soit 0,7 % de sa consommation d’énergie. Les projets annoncés en Inde, une vingtaine de réacteurs, permettraient à peine à ce pays de couvrir environ 5 % de son électricité (1 % de sa consommation d’énergie). Le parc nucléaire japonais, le troisième du monde après les États-Unis et la France, connaît lui de graves problèmes de sûreté, 17 réacteurs ayant même été fermés d’un coup pour plusieurs mois en 2003, après le scandale de la falsification de rapports de sûreté alarmants. L’opinion publique a été très marquée par ce scandale mais aussi par l’accident de Tokaï-Mura en 1999, qui a causé la mort de trois travailleurs et irradié des centaines d’habitantes et d’habitants. La Corée du Nord et l’Iran ont chacun un programme nucléaire, mais pour lequel la production d’électricité reste virtuelle, l’objectif étant l’accès à l’arme atomique.

Amérique du Sud : rien de concret

Le Brésil, où ne fonctionnent que deux réacteurs, en annonce 5 nouveaux, mais il est d’abord confronté au problème d’Angra 3, réacteur resté en pièces détachées depuis... vingt ans. Idem pour l’Argentine où fonctionnent aussi deux réacteurs, et qui espère seulement terminer la construction du réacteur Atucha 2, commencée... en 1981.

Allemagne et Suède : sortie trop lente

On peut lire, ici où là, que la sortie du nucléaire en Allemagne serait remise en cause. En fait le débat ne porte que sur le rythme de la sortie, pas sur la sortie en elle-même. Nulle construction de nouveaux réacteurs n’est envisagée. La situation est identique en Suède où la fermeture des 10 réacteurs actuels a été décidée en 1980. Par ailleurs la sortie suédoise traîne en longueur, augmentant considérablement les risques : le 25 juillet, la centrale de Forsmark a frôlé un accident majeur qui aurait contaminé toute l’Europe.

Finlande et France : l’entêtement

Seuls au monde, ces deux pays souhaitent construire chacun... un réacteur, l’EPR du français Areva. Une fois de plus, rien à voir avec un “ grand retour ” du nucléaire. Le chantier finlandais, le seul à être lancé, est un véritable calvaire : 18 mois de retard officiellement, au moins trois ans en réalité. Areva perdrait dans l’affaire près d’un milliard d’euros. Qui plus est, l’EPR a été refusé le 16 décembre dernier par les Chinois à l’occasion ce qui était présenté comme le “ contrat du siècle ”. Malgré cela la France persiste à vouloir construire l’EPR à Flamanville (Manche).

Nos convictions en sortent renforcées

Le rapport “ Facteur 4 ”, remis au gouvernement français en octobre dernier, explique que “ l’énergie nucléaire représente 2 % de l’énergie finale dans le monde ” et pointe “ l’apport finalement marginal du nucléaire ” dans la lutte contre l’effet de serre. Ainsi le nucléaire impose un danger maximal pour une place en réalité très faible – et en déclin – dans l’énergie mondiale. La fermeture de sept réacteurs, ce 1er janvier 2007, est donc le début d’un mouvement irréversible vers la disparition de l’énergie nucléaire. Cela doit nous conforter dans notre combat contre “ l’exception ” française, qui n’est due qu’au lobbying de l’industrie nucléaire.

D’après le réseau Sortir du nucléaire


Le réseau Sortir du nucléaire fédère, en 2006, 765 associations, syndicats et organisations politiques, dont Alternative libertaire.
 Sortir du nucléaire, 9 rue Dumenge, 69317 Lyon Cedex 04
 Tél. 04 78 28 29 22
 www.sortirdunucleaire.org

 
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