Oaxaca est toujours là !




Comme ils l’ont fait depuis le début de la révolte, les grands médias gardent un silence complice sur l’état de guerre qu’a instauré le gouvernement fédéral et le gouverneur Ulises Ruiz dans l’État d’Oaxaca. Pourtant beaucoup de choses se passent : malgré la répression, la résistance d’organise, des prisonnier et prisonnières sont relâché-e-s et des actions de soutien ont lieu en-dehors du pays.

Si une partie des troupes de la Police fédérale préventive (PFP) a quitté le centre de la capitale, les forces de répression de l’état et de la municipalité occupent la ville. Chaque tentative de manifestation populaire doit faire face à des centaines de “ Robocops ”. Sur les routes, des barrages de police contrôlent les déplacements de la population. Des militants et militantes, ou supposé-e-s tels, sont séquestré-e-s par la police. Le 13 janvier une manifestation des familles des prisonniers et prisonnières du pénitencier de Miahuatlàn a été attaquée par la police et 7 personnes arrêtées. Le 17 janvier, ce sont 3 militants de la Otra campaña qui sont interpellés à l’issue d’une manifestation.

Le gouverneur utilise le sort des dizaines d’hommes et de femmes emprisonné-e-s après le 25 novembre comme moyen de pression odieux sur leurs proches et sur le mouvement social. Entre la mi-décembre et le début janvier, la moitié des prisonniers et prisonnières ont été libéré-e-s, sans qu’on puisse connaître les raisons des choix du gouvernement. Parfois, c’est lui qui a payé les cautions. On a tenté de faire signer des déclarations condamnant l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) aux prisonniers et prisonnières en échange de leur libération. Certain-e-s ont accepté, d’autres ont refusé et dénoncé publiquement ce chantage dégueulasse. Mais de toutes façons, qu’ils ou elles soient encore en prison ou libéré-e-s sous caution, toutes les procédures judiciaires continuent et les charges retenues, aussi invraisemblables soient-elles, peuvent amener à des condamnations extrêmement lourdes.

Mais le mouvement populaire n’a pas baissé les bras. Depuis début décembre, malgré les risques, plusieurs fois la rébellion a reconquis la rue : le 22 décembre, manifestation dans les rues d’Oaxaca, le 6 janvier, distribution de jouets aux enfants des emprisonné-e-s, des disparu-e-s et des assassiné-e-s, le 17 janvier, nouvelle manif de rue. Moins visible, mais encore plus porteuse d’espoir, l’APPO poursuit sa réorganisation.

Tortures et humiliations

Dans tout l’État, des assemblées de communautés, de quartiers, d’organisations et de syndicats se tiennent en vue de préparer la prochaine assemblée de l’APPO de l’État d’Oaxaca prévue les 11 et 12 février. C’est cet enracinement dans la population qui reste le meilleur garant contre la répression et les manipulations politiciennes toujours possibles.

Une commission civile internationale s’est rendue en décembre et janvier dans l’État d’Oaxaca. Elle a recueilli d’innombrables témoignages des exactions des forces de police sur la population. Elle a pu rencontrer les prisonniers et les prisonnières dans leurs cellules et dénoncer les mauvais traitements, les tortures, les humiliations à caractères sexuels (utilisées à Guantanamo) subies par les prisonniers et les prisonnières. La présence de ces observateurs internationaux a sans doute été à un frein aux menées répressives du gouverneur.

Les mobilisations de solidarité n’ont toujours pas la puissance que nécessite la situation. Créer des collectifs, renforcer ceux qui existent, multiplier les actions et les meetings de popularisation et de solidarité pour rompre le mur d’indifférence des médias, collecter de l’argent pour aider la résistance populaire, tout cela est indispensable pour préparer les prochaines échéances.

Pascal (AL Rouen)

 
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