Feminisme

Jacqueline Sauvage 47 ans de torture




Jacqueline Sauvage a reçu, de la part de son compagnon, des marrons pendant 47 ans, Saint-Valentin incluses probablement.

Elle a tué son tortionnaire et été condamnée à 10 ans de prison par la justice patriarcale de classe. Pendant toute sa vie d’adulte, Jacqueline Sauvage a vécu avec le même homme qui l’a battue et violée. Leurs filles ont été battues, deux des trois ont été violées, leur fils a été battu. En 2012, elle l’a tué, de trois balles dans le dos. Après une nouvelle séance de coups. On peut essayer de penser mais on ne peut pas réellement imaginer, ressentir l’état de terreur et de stress permanents dans lequel vivait cette femme.

Les procès (première instance et appel) ont révélé la même chose que dans toutes les affaires de violence conjugale répétée : tout le village savait, les médecins savaient ( il y a eu des passages aux urgences bien sûr). Il y a forcément eu des signalements aux « autorités » et c’est l’État qui fait de grandes campagnes voyantes et inefficaces qui aurait dû être jugé.

En appel début décembre, Jacqueline Sauvage a été condamnée, comme en première instance à 10 ans de prison. L’avocat général a argumenté sur ses motivations : « l’échec d’une femme qui a surestimé l’homme avec qui elle a voulu faire sa vie » et sur le fait que tirer dans le dos n’est pas de la légitime défense. Cette femme a été jugée comme une meurtrière « ordinaire », le justice a fait fi de toutes les connaissances accumulées sur l’emprise des hommes violents sur leurs compagnes, sur le syndrome post traumatique des femmes victimes de violences.

Une pétition [1] a été lancée pour demander à François Hollande de gracier Jacqueline Sauvage. Elle a recueilli à ce jour (7 janvier) plus de 220 000 signatures. Mais elle n’a pour l’instant pas obtenu de réponses. Et on comprend bien.

Le président est occupé à durcir les lois répressives, augmenter les pouvoirs de la police et empêcher les militantes et militants du mouvement social de bouger, il a vraiment pas le temps de se préoccuper d’une ouvrière de 68 ans qui va faire de la prison pour s’être enfin défendue.

Une parlementaire LR prépare une proposition de loi qui reconnaît la légitime défense différée en cas de violences conjugales.

Christine (AL Orne)

 
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