Luttes paysanes : la Conf’ en première ligne




La venue de camarades de la Confédération paysanne au stage d’été d’Alternative libertaire à l’occasion du débat sur les luttes paysannes a permis de faire un tour d’horizon des combats de la Confédération paysanne (CP) mais aussi de débattre des suites de la victoire du Non le 29 mai lors du référendum sur la constitution européenne.

Cela a été également l’occasion de rappeler que ces camarades sont en première ligne de la répression menée par les forces du capital contre les luttes sociales.

Ainsi le 7 septembre, à Rodez, 15 militants seront jugés officiellement pour « vol en réunion » à l’encontre de Danone. En fait il s’agit du conflit sur la baisse du lait qui oppose les éleveur(se)s à Danone. Le lait a fait l’objet de 10 baisses consécutives, ce qui correspond à 27 jours de lait non payés. Ce manque à gagner à amené la CP à organiser il y a quelques mois une action de récupération chez Danone. Les militant(e)s ont ainsi récupéré d’importants stocks de produits qu’ils ont ensuite redistribués gratuitement dans la cité de Minguettes de la banlieue lyonnaise aux jeunes des cités. Le but de cette action était de faire le lien entre les pratiques commerciales de Danone et la précarité des jeunes. Le procès de Rodez donnera lieu à une importante mobilisation syndicale et à un rassemblement qui permettra de mettre en accusation Danone. Des postier(e)s et des lycéen(ne)s y prendront aussi la parole.

Les paysan(ne)s et la lutte de classe

Les procès des Faucheurs volontaires qui ont repris cet été leurs actions contre les parcelles de maïs génétiquement modifiés vont se multiplier à partir du 14 septembre à Riom, puis la semaine suivante à Toulouse. D’autres sont prévus en octobre à Orléans et en novembre à Versailles. En dépit de la répression, et malgré les efforts du gouvernement, les OGM ne sont toujours pas une réalité en terme de culture. L’autre front de cette lutte porte sur les importation d’OGM. Dans ce domaine, la plus forte demande vient de Bretagne, où l’agriculture productiviste fait rage et où les élevages hors sols de porcs utilisent des produits protéinés à l’origine souvent douteuse. Il est vrai que l’Union européenne dépend à 70 % de l’extérieur et donc en partie des OGM des USA entre autres. Afin de s’attaquer à ces importations massives, la CP s’est rapprochée de la fédération CGT Ports et docks pour lutter conjointement contre les OGM et pour le maintien du métier de docker qu’un projet de directive communautaire menace, puisqu’il s’agit à moyen terme d’éliminer cette profession combative en faisant décharger les bateaux directement par les marins.

La CP s’est également exprimée et mobilisée cet été pour soutenir la lutte des travailleurs saisonniers dans les domaines arboricoles du Sud-Est touchés par quelques fortes grèves activement relayées par la CGT. Là aussi des convergences se multiplient avec la fédération CGT de l’agro-alimentaire qui en 2004 a pris clairement position contre les OGM.
Enfin, l’automne sera également marqué par le débat parlementaire sur la loi d’orientation agricole prévu initialement en avril mais reporté pour cause de référendum…

Cette loi est une transposition de la Politique agricole commune de 2003, elle vise à libéraliser davantage l’agriculture, à dessaisir un peu plus les paysan(ne)s de la maîtrise du foncier et à encourager la spéculation sur le prix des terres.

Enfin la question des ambitions électorales de José Bové a été évoquée, elle sera l’objet d’un débat dans la CP cet automne. Pour Jean-Émile Sanchez, ancien porte-parole de la CP, Bové veut y aller soit en se présentant aux élections présidentielles soit en soutenant une candidature Fabius, ce qui est consternant dans les deux cas. C’est du reste l’avis de Jean-Emile Sanchez et de nombre de militant(e) s de la CP qui ne veulent pas que leur combat syndical soit instrumentalisé à des fins politiciennes. Pour Jean-Émile, « la CP ne doit jamais s’inscrire dans une démarche politique institutionnelle. Et il ne faut pas casser la force du mouvement social qui réside dans son autonomie. Ce qui affaiblira le pouvoir, c’est la convergence des luttes des paysan(ne)s, des ouvrier(e)s, des intermittent(e)s et de la jeunesse. » C’est également notre avis.

CJ

 
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