Journées d’été d’AL 2005 : Et la politique bordel ?




Rencontres, formations et débats… Dans une ambiance détendue, plus de 70 militant(e)s et sympathisant(e)s ont participé aux Journées d’été d’Alternative libertaire, qui se sont déroulées du 8 au 14 août à la République populaire du Roucous, dans l’Aveyron.

Des Journées auto-organisées et autogérées par les participant(e)s, pour une semaine très conviviale, qui a permis (entre autres) l’intégration de nouvelles et nouveaux camarades, parmi lesquel(le)s de nombreux jeunes. Chaque jour se tenaient des débats et ateliers, entrecoupés de d’excursions, baignade dans le Tarn, discussions informelles, jeux collectifs et autres concours improvisés de chansons révolutionnaires (tout le répertoire y est passé !). Sans oublier l’ambiance des grandes tablées pour les repas préparés sous la direction experte de l’équipe du Roucous.

Actualité et débats de fond

Les débats abordaient différents thèmes tant d’actualité que de fond, et étaient précédés d’une présentation, qui permettait d’en maîtriser les enjeux et de les replacer dans une perspective historique et politique : l’antifascisme et les tentatives de récupération des identités régionales par l’extrême droite (introduit par Aurélien de Strasbourg) ; l’intervention militante dans la jeunesse (avec les camarades d’Aix et de Rennes) ; les pratiques de masse dans le mouvement social et la lutte des classes (par Thierry d’AL Transports-communication) ; le mouvement populaire en Argentine (par un camarade de la CNT de Paris-VIII et Guillaume de Paris-Sud)…

La question antipatriarcale n’était pas absente, dans la suite des travaux de notre VIIe congrès. Le sujet a d’abord été exploré à travers une formation-débat sur « l’anarchisme et le féminisme » (présentée par Laurent de Paris-Est). Malgré des points communs entre l’anarchisme et le féminisme - notamment à travers la remise en cause du pouvoir et des dominations comme cela a pu être développé par Emma Goldmann ou des mouvements comme Mujeres libres en Espagne dans les années 30 -, féministes et libertaires n’ont pas toujours fait « bon ménage ». Le débat s’est prolongé le lendemain par une discussion improvisée autour de la prostitution.

Un autre point fort de cette semaine a été le débat sur « l’éducation libertaire », que Clotilde (AL 93) a introduit par une formation sur l’histoire des pédagogies libertaires et le concept d’éducation intégrale. On n’a pas manqué d’expliquer le caractère toujours novateurs des expériences du passé comme la Ruche de Sébastien Faure, l’Ecole moderne de Francisco Ferrer, Paul Robin et l’orphelinat de Cempuis, les communautés scolaires de Hambourg…

Hors champs, un camarade du Lot-et-Garonne nous a expliqué l’outil dynamique que pouvait constituer un journal de contre-information, réalisé de manière unitaire par les militant(e)s de la « gauche sociale » locale, en prenant l’exemple du Hérisson d’Albret, auquel il participe.

Une visite de la Conf’

Les Journées d’été d’AL s’efforcent toujours d’être en lien avec la population et les luttes locales. C’est ainsi que, grâce à la courtoisie d’un voisin du Roucous, nous avons pu organiser la projection d’un film sur Bernard Lambert et le mouvement des travailleurs-paysans (ancêtre de l’actuelle Confédération paysanne) [1], accompagné d’un débat très enrichissant avec Marie-Paule Lambert, qui fut sa compagne et qui s’était aimablement déplacée. Le lendemain était organisée une rencontre avec des militants de la Confédération paysanne, dont l’ancien porte-parole Jean-Emile Sanchez, qui nous ont fait un tour d’horizon de leur actualité : mobilisation par rapport au projet de loi d’orientation sur l’agriculture, soutien aux grèves des travailleurs saisonniers et aux « faucheurs volontaires » frappés, comme une grande partie du mouvement social, par la répression.

Les Journées se sont achevées avec plusieurs formations/mises à niveau. Une sur le droit du travail, qui préparait les luttes de la rentrée contre la précarité. Une autre sur l’action internationale dans le syndicalisme, par un camarade cheminot a permis de faire un état des lieux de la question pour le syndicalisme institutionnel comme pour le syndicalisme alternatif. Et d’évoquer l’expérience du réseau international que tente de créer SUD-Rail dans un secteur-clef, les transports, et les difficultés auquel ils sont confrontés.

Enfin la formation en théorie économique de base, très pédagogique, animée par Patrick Mignard, prof à l’IUT de Toulouse, a été particulièrement féconde de par le débat assez vif qu’elle a engendré. En partant des « fondamentaux » (valeur d’usage, valeur d’échange, création de la richesse, taux de profit, etc.), on en arrivait rapidement aux enjeux de l’époque : les licenciements, les délocalisations, et les réponses que peuvent y apporter les travailleur(se)s.

Des participant(e)s aux Journées


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La « République populaire du Roucous », qui avait déjà accueilli ces Journées en 2003, est un lieu d’accueil pour enfants et adolescents handicapés, héritier des mouvements de l’antipsychiatrie des années 1970. Un des aspects de ce projet consiste à sociabiliser les enfants en les mettant en contact avec des groupes de passage sur le lieu. Les trois permanent(e)s de l’association fonctionnent sur un mode autogestionnaire, sans hiérarchie ni différences de salaires. Encore merci à elles et eux pour leur accueil.

[1Christian Rouaud, Paysan et Rebelle, un portrait de Bernard Lambert, France, 2002, 84 min.

 
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