Allemagne : l’heure des comptes pour Schroeder




La rentrée en Allemagne est marquée par les élections anticipées du 18 septembre. Le gouvernement du chancellier Schroeder qui sollicite de nouveau les suffrages des électeurs/trices a perdu la confiance de la majorité de la population.

Les manifestations de lundi de l’été 2004 contre la réforme antisociale des assurances chômage, les multiples actions sociales et les grèves sauvages chez Opel, Mercedes et Siemens ont mis en évidence l’impopularité du gouvernement mais aussi la combativité qui progresse.

Mais les syndicats sont aussi concernés par cette impopularité. Les affaires de corruption chez Volkswagen (VW) où le chef des délégués syndicaux a démissionné de même que le patron de la cogestion, Hartz, responsable des lois antisociales, nourrissent le mécontentement. Pendant des années, ils ont été corrompus par des primes et des salaires exhorbitants.

Donc, la crise de toutes ces institutions est visible. Le scandale qui atteint les cogestionnaires - à l’image du modèle VW - a contribué à montrer le vrai visage de la cogestion : une corruption permanente de cette élite bureaucratique syndicale.

Mais il y a aussi une gauche sociale et syndicale qui a peur de cette crise de confiance dans le syndicalisme parce que souvent elle est aussi établie et nourrie par une fonction dans cet appareil syndical et dans les instances de la cogestion. Aussi elle s’efforce de sauver ce type de syndicalisme en pleine déroute.

Cela reflète aussi l’esprit des fondateurs du nouveau parti de gauche, le WASG (Alternative électorale pour la justice sociale) dirigé par Oskar Lafontaine, un ancien ministre social-démocrate des Finances du gouvernement Schroeder. Ils veulent rétablir un syndicalisme combatif et cogestionnaire avec son bras politique, un parti social-democrate refondé sur les anciennes valeurs du SPD (parti social-libéral de Schroeder).

Ce qui est sûr, c’est que ce nouveau parti allié aux néocommunistes du PDS (rebaptisé Parti de la gauche à l’Ouest) va rassembler beaucoup de voix, notamment chez les abstentionnistes qui vont voter (les sondages donnent 10 à 12 % des voix à cette coalition de gauche). Mais ce qui n’est pas du tout sûr, c’est que ce parti soutienne le mouvement social à l’origine de sa naissance. Rappelons que Oskar Lafontaine a parlé durant l’été 2004, à Leipzig, devant des dizaines de milliers de manifestant(e)s pour les soutenir dans leurs combats contre des lois sociales injustes. La présence de ce parti dans le parlement va-t-elle nous aider à impulser l’autonomie du mouvement social ?

En cet été 2005, ces questions occupent les débats de la gauche sociale.

La majorité pense toutefois qu’il vaut mieux se coordonner pour développer nos capacités d’intervention dans les différents secteurs sociaux pour montrer et pratiquer l’auto-activité, partout dans la société. Par ce contre-pouvoir dans la rue, par la capacité à mobiliser et à impulser une dynamique, nous pouvons aussi pousser ce parti vers la gauche. Sinon, ses partisan(e)s seront intégré(e)s aussi vite que les Verts.

Durant cet été une action a montré un peu le chemin qu’on veut suivre tout en s’inspirant des actions menées en France. [1]

La merde OGM doit disparaître des champs

À la campagne, à 30 kilomètres de Berlin, un paysan engagé dans la lutte contre les OGM, avait prêté ses champs pour la préparation d’une manifestation contre les OGM et pour une action de fauchage volontaire. Ouvertement, en public, les organisateurs/trices ont défendu cette action de désobéissance civile.

Parmi les acteurs, on trouvait des paysan(ne)s suisses et autrichien(ne)s, des paysan(ne)s de la Confédération paysanne et des faucheur(se)s volontaires. En tout, 500 personnes ont libéré un champ de maïs malgré une présence massive de la police.

Les Verts et les ONG dépendant de l’argent de l’État, étaient contre cette action. Mais cette forme d’action dans l’esprit du « tous ensemble » a montré la dynamique d’un vrai mouvement social porté par des acteurs de la base.

C’est exactement cela qu’on veut développer dans les semaines qui viennent. L’auto-activité sociale contre l’espoir d’un changement par en-haut impulsé par un nouveau parti gagnant ou un appareil syndical rénové. Mais cela n’exclue pas que ce changement par en haut puisse peut-être aussi influencer la dynamique du mouvement social d’en bas. On verra !

Willi Hajek, 15 août 2005

 
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