politique

Rennes : Une occupation au service de la lutte




Suite à la manifestation du 1er Mai, la Cité, salle de spectacles du centre-ville de Rennes, a repris son nom initial : la maison du peuple. Les opposants et les opposantes à la loi travail ont occupé ce lieu et en ont fait un espace de luttes et de convergences avant de se faire déloger de force le 14 mai... Une initiative qui gagne à être connue ailleurs, et pourrait donner des idées partout en ce mois de juin.

Depuis le commencement de la mobilisation contre la loi travail à Rennes, la mairie et la préfecture interdisent l’accès au ­centre-ville lors des manifestations. Dans un objectif de sape du mouvement social, elles ont tenté d’imposer à l’intersyndicale élargie – syndicats, représentants et représentantes de l’assemblée générale étudiante, etc. – des parcours de plus en plus contraints, la police faisant preuve d’une violence croissante qui a fait environ 50 blessé-e-s par manif.

Une radio pirate pour un autre discours

Le 1er Mai, les manifestants et manifestantes ont réussi, après plusieurs occupations symboliques, à prendre la maison du peuple. Ce lieu incontournable des mouvements passés à ­Rennes, édifié dans l’esprit des bourses du travail dans les années 1920, a été dépolitisé au fur et à mesure des années par la mairie.

Cette réappropriation d’un lieu en plein centre-ville de Rennes répond à une exigence de la lutte : avoir un espace de convergence et d’organisation du mouvement. Dans ce lieu ont circulé des syndicalistes, des étudiants et des étudiantes, des intermittents et des intermittentes, des chômeurs et des chômeuses, des précaires.



Tout au long de son occupation, la maison du peuple a accueilli les assemblées générales interprofessionnelles afin d’organiser les manifestations, des blocages économiques, des concerts de soutien à la lutte, des outils de communications (à l’image d’une radio pirate, la « radio croco »), et ce, afin de faire circuler un discours autre que celui des médias, souvent très similaire à celui de la préfecture et de la mairie.

Cette dernière avait tenté d’expulser les occupants et les occupantes de la maison du peuple dès le 3 mai, mais face à un important rassemblement de soutien et à la détermination des personnes présentes dans le lieu, elle a reculé et laissé une semaine de répit à ceux et celles qui s’y réunissent, avec la signature d’une convention d’occupation. Après la première semaine d’occupation, la mairie a décidé de ne pas reconduire la convention au prétexte d’une manifestation dans le centre-ville. Ainsi, le 14 mai dernier, à 6 heures du matin, la police, les gendarmes mobiles mais aussi les pompiers et surtout le Raid ont travaillé main dans la main pour déloger les occupants et les occupantes de la maison du peuple.

Moyens disproportionnés

N’en déplaise à la mairie et à la préfecture qui ont déployé des moyens toujours plus agressifs, brutaux et disproportionnés pour l’expulser, la maison du peuple doit appartenir à celles et ceux qui souhaitent s’organiser. Nombres de personnes y sont passées et, au-delà des convergences qu’elle a permises, elle a aussi été un lieu de rencontres, où chacun et chacune, quelle que soit son organisation syndicale ou politique, a pu débattre et élaborer des stratégies collectives afin de faire reculer le gouvernement. Cette initiative, comme d’autres ailleurs, a permis à toutes les composantes de la lutte de se coordonner. Il est donc nécessaire de conserver et développer ces espaces de parole et de lutte malgré les assauts déchaînés et ultraviolents des autorités et des forces de l’ordre.


AL Rennes, AL Fougères,
AL Saint-Malo/ Dol/ Dinan

cc Erwan Corre
 
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