Changement climatique : L’arnaque de la COP 23




Les conférences sur le climat se suivent et les rejets de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter. Guère étonnant, quand on voit le poids des grands pollueurs dans les négociations.

Lorsqu’ils adoptèrent la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les gouvernements savaient que leurs engagements ne seraient pas suffisants pour sérieusement faire face aux changements climatiques. Le protocole de Kyoto, adopté en 1997, prévoyait une diminution de 5 % des gaz à effets de serre (GES) mondiaux, entre 2008 et 2012, prolongé jusqu’en 2020 par l’accord de Doha. À cette époque, l’escroquerie des «  quotas de CO2  », permettant aux pays en développement de revendre leurs «  droits de polluer  », entachait déjà la bonne volonté affichée.

Depuis les accords de Paris fin 2015, les États se sont fixé l’objectif d’une hausse maximale des températures de 2 degrés maximum, 1,5 degrés au mieux. On constate cependant un fossé entre les engagements et les impératifs, dénoncé dans le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement  : «  Les engagements pris par les pays au niveau national ne représentent qu’un tiers des réductions d’émissions nécessaires à l’horizon 2030 pour respecter les objectifs.  » Le dernier bulletin de l’Organisation météorologique mondiale sur les GES révèle que les concentrations atmosphériques de CO2 «  ont augmenté à un rythme record en 2016  ». La plate-forme scientifique internationale Global Carbon Project estime que les rejets de CO2 devraient encore croître d’environ 2 % en 2017 pour atteindre le niveau colossal de 36,8 milliards de tonnes. Face à cette incohérence, les actions en justice se sont multipliées à l’encontre des gouvernements et des entreprises polluantes pour qu’ils réduisent leurs émissions de CO2.

L’une des raisons de la difficulté à avancer est le grand nombre de conflits d’intérêts parmi les participants à la COP 23. Pour commencer, Miguel Arias Cañete, président de deux compagnies pétrolières, est commissaire à l’énergie et à l’action climatique de la CCNUCC. Le négociateur du Panama, également membre du bureau de l’Ieta, une corporation de banques et de pétroliers, se retrouve coordinateur des mécanismes de marchés pour le groupe G77 + Chine, représentant l’intégralité des pays en développement à la convention cadre de l’Onu.

FAndrey - CC BY 2.0

Conflits d’intérêts

De plus, des entreprises comme BMW ou Solvay sponsorisent la COP23, à l’instar de Suez et Engie pour la COP 21.

La CAI (Corporate Accountability International) et plusieurs rapports dénoncent la façon dont les multinationales, et plus singulièrement celles des énergies fossiles, ont capturé les négociations climatiques. Les industriels influent sur le fléchage de l’argent dédié à la lutte contre le réchauffement. Ainsi, le Fonds vert pour le climat (FVC) a-t-il amplement ouvert les portes de ses organes de travail aux banques comme HSBC ou la Bank of Tokyo Mitsubishi. En conséquence, cinq banques transnationales gèrent aujourd’hui 75 % de ses fonds, dont plus de 50 % sont alloués à des projets soutenus par le secteur privé.

Ces rapports, avec les contributions de cinq organisations mondiales profondément préoccupées par l’influence démesurée du pouvoir des entreprises, exposent comment les industries les plus responsables du changement climatique, en particulier les sociétés transnationales de combustibles fossiles, font obstacle à de réels progrès pour résoudre la crise climatique.

Zando San (AL Montpellier)

 
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