Syndicalisme

Agro-alimentaire:les pirates de Tipiak à l’abordage de la plus-value !




Près de Nantes, les salariées ont fait preuve d’une combativité exemplaire pour leur salaires. Une grève qui mérite d’en inspirer d’autres.

Début décembre, les négociations annuelles obligatoires (NAO) démarrent chez Tipiak-Épicerie, à Saint-Aignan, près de Nantes. La direction ne propose que 35 euros brut d’augmentation. Ce n’est pourtant pas l’argent qui manque !

En 2021, Tipiak a réalisé un chiffre d’affaires de 211 millions d’euros, en progression de 6 % par rapport à celui de 2020 et les actionnaires ont vu leurs dividendes s’accroître de 35 %. Mais pour celles et ceux qui créent la richesse : des miettes !

Profitant de la journée d’action interpro sur les salaires du jeudi 27 janvier, l’équipe de nuit s’est donc mise en grève dès le 26  : 100 % de grévistes, du jamais-vu !

Le lendemain en AG, les grévistes décident de partir en reconductible, et se mettent d’accord pour une revendication de 80 euros d’augmentation générale. Cela peut sembler peu mais c’est ce que décident collectivement les grévistes et c’est ce qui leur semble possible.

Le 2 février, les usines Tipiak de Pontchâteau et de Malville se mettent également en grève, suivis le lendemain du site de Saint-Herblain. Après une manif réussie à Ponchâteau le 9 février, la direction de Tipiak TPP (Traiteur et Pâtisserie, entité différente de Tipiak-Épicerie basée à Saint-Aignan) accorde 3,3 % d’augmentation (environ 60 euros). Les ouvrieres suspendent la grève, satisfaits que l’action collective ait permis d’obtenir quelque chose.

Mais chez Tipiak-Épicerie à Saint-Aignan, la grève continue, reconduite équipe après équipe. Après de multiples preuves de mépris de la direction, qui affirmait qu’elle ne «  discutait pas avec la kermesse CGT  », celle-ci lâche finalement 70 euros d’augmentation le 14 février. Elle aura tout de même essayé d’imposer comme condition de ne pas négocier d’augmentation supérieure à 1 % l’année prochaine  ! En vain. Le 15, les grévistes reprennent le travail, la tête haute. Cette conscience de classe et la solidarité à toute épreuve dont ils et elles ont fait preuve, comptera pour l’avenir !

Une équipe syndicale combative

Ce n’est pas un hasard si une telle grève a eu lieu dans cette usine. Sous l’égide d’une équipe CGT combative et très présente sur les lignes de production, démocratique dans son mode de fonctionnement, nombreuses et nombreux sont les salariés à avoir pris conscience que c’est leur travail qui crée la richesse, et que les dividendes distribués aux actionnaires sont le fruit de leur travail non rémunéré : la plus-value capitaliste !

Et si les salariées des entreprises alentours ont fait entendre leurs klaxons, s’arrêtant parfois en soutien, l’absence de syndicats de lutte dans leurs entreprises n’a pas aidé à une potentielle contagion de la grève. Les luttes sur les salaires sont nombreuses mais encore éparses, la multiplication et la coordination des grèves doit être une de nos perspectives prioritaires pour faire entendre nos intérêts de classe, n’en déplaise aux réacs de tous poils qui occupent les plateaux télés.

Yann et Ben (UCL Nantes)

 
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