Ecologie

Collectif Aliente (Espagne) : pour des éoliennes à échelle humaine




En Espagne, en 2021, plus de 200 collectifs se sont réunis au sein du collectif Aliente et ont manifesté pour défendre un autre modèle de développement des énergies renouvelables.

Il y a un an, début 2021, 80 organisations espagnoles se sont associées pour former le collectif Aliente : l’Alliance Énergie et Territoire. Ce sont à présent plus de deux cents associations naturalistes, collectifs locaux de défense de l’environnement et groupes d’action écologistes qui sont rassemblés dans ce collectif d’ampleur nationale. Ils défendent un autre modèle de développement des énergies renouvelables et la préservation de la biodiversité face aux projets industriels.

La création d’Aliente fait suite à l’alerte lancée par une vingtaine de scientifiques fin 2020 : depuis deux décennies, les projets industriels de production d’énergie renouvelable sont développés à grande échelle sur tout le territoire espagnol au détriment de celui-ci, de ses habitants et de la biodiversité locale. Le modèle énergétique actuel, centralisé, sature les sols de projets d’énergie renouvelable à grande échelle et de lignes électriques à haute tension, dévastant le paysage et la biodiversité, tout en encourageant un idéal de société consumériste.

La biodiversité dévastée

Les organisations du collectif Aliente partagent le constat des scientifiques : si la transition énergétique au profit de solutions renouvelables et décarbonnées est nécessaire, elle doit avant tout être sociale et se faire dans le respect de l’humain et du vivant. Il est inacceptable que cette tran­sition serve de vitrine verte aux industries capitalistes et leur permette d’occulter les alternatives moins nocives et consommatrices d’énergie.

Face à ce constat, le collectif Aliente a élaboré, avec le soutien de plus de 250 scientifiques, une liste de 13 mesures pour une transition énergétique juste et qui visent à garantir la conservation de la biodiversité, du paysage par le développement d’un modèle énergétique décentralisé et équitable. Les organisations cherchent à faire connaître ces mesures à l’ensemble de la population espagnole pour une alternative viable et les ont présenté au gouvernement espagnol afin qu’elles soient mises en œuvre.

Parmi celles-ci se trouvent un plan de zone d’exclusion limitant la construction d’infrastructures d’énergies renouvelables à grande échelle, la nécessité de l’achèvement du réseau Natura 2000 ou encore le recensement rigoureux, indépendant et scientifique des espèces affectées pour l’évaluation correcte des impacts environnementaux. En résumé, le collectif Aliente défend la régulation par la loi du développement de l’implantation territoriale des industries de production d’énergie renouvelable.

Il promeut une réglementation plus favorable aux projets communautaires ou pour une autoconsommation. Aliente et les scientifiques qui soutiennent le collectif s’alignent ainsi sur les directives européennes sur les énergies propres, connues sous le nom de «  paquet hiver  ». Ces directives prônent le développement d’un modèle énergétique donnant la priorité à l’efficacité et aux économies énergétiques ainsi qu’à l’autoconsommation dans un modèle distribué où la capacité de production maximale est réglementée.

Le samedi 16 octobre dernier, à l’appel du collectif Aliente, plus de 15 000 personnes ont manifesté dans les rues de Madrid pour rejeter le modèle centralisé des énergies renouvelables à grande échelle sur lequel repose la transition énergétique actuelle. Les manifestantes et manifestants ont protesté contre un modèle de développement non durable, qui considère l’énergie comme une source de profit et non comme un bien commun devant bénéficier à toutes et à tous dans le respect de l’ensemble de la biodiversité. Face à ce qu’ils considèrent comme une erreur historique, ils ont appelé à un modèle de distribution des énergies renouvelables décidées démocratiquement et valorisant l’efficacité énergétique, l’autoconsommation et les communautés énergétiques. En bref, leur objectif est de tirer parti de toutes les vertus des sources renouvelables, qui sont délibérément limitées par les grandes entreprises du secteur pour le profit des capitalistes.

« #Renouvelables oui mais pas ainsi. Alliance énergie et territoire aliente.org ». Les organisations du collectif Aliente partagent le constat des scientifiques  : si la transition énergétique au profit de solutions renouvelables et décarbonnées est nécessaire, elle doit avant tout être sociale et se faire dans le respect de l’humain et du vivant.

Réguler la production

La manifestation a connu un succès retentissant, d’autant que la plupart des manifestants et manifestantes venues à Madrid ce jour-là sont originaires de différentes régions rurales. Les petites mobilisations individuelles qui défendaient localement leurs territoires, leur environnement naturel et leur patrimoine se sont finalement rassemblées autour d’un cri commun, incarnant le positionnement de l’alliance : «  les énergies renouvelables, oui  ! mais pas comme ça  !  »

L’important soutien et relais scientifique dont bénéficient les mesures réclamées par le collectif Aliente est une preuve supplémentaire qu’il existe un solide consensus au sein de la communauté scientifique concernant l’impact des énergies renouvelables à grande échelle sur la biodiversité et la façon dont elles sont actuellement mises en œuvre.

Alors qu’en France la période électorale voit le nucléaire remis sur le devant de la scène, l’urgence pour notre classe est de reprendre la main sur la «  transition énergétique  » et d’organiser la diminution équitable des dépenses énergétiques. Des deux côtés de la frontière, nous ne pouvons pas faire confiance aux capitalistes dont les intérêts seront toujours antagoniques de l’épanouissement des vivants humains ou non. Cependant, nous ne pouvons pas davantage compter sur les institutions étatiques et c’est pourquoi nous encourageront tous nos alliés écologistes à dépasser le cadre citoyenniste pour imposer par la lutte nos revendications écologiques et sociales.

Ginés (UCL Nantes) et Mélissa (UCL Orléans)


L’ILLUSION DE LA TRANSITION

Actuellement, l’organisation du système de production repose presque uniquement sur la consommation d’énergies fossiles. Nous avons beau entendre parler depuis des années de transition vers des énergies « propres » ou « vertes », la réalité est que rien de ce que nous faisons quotidiennement n’échappe au pétrole. Chaque jour environ 100 millions de barils de pétrole sont consommés alors que depuis les années 1970, les scientifiques alertent sur le danger que cela représente pour nos écosystèmes, nos sociétés, nos vies. Si toutes nos réserves d’énergies fossiles étaient brûlées, la température globale grimperait d’au moins 11 degrés  !

En face, les industriels font tout pour alimenter le doute et ne surtout rien changer à ce système qui leur rapporte. En 2021, TotalEnergie a réalisé un bénéfice net de 4,6 milliards de dollars. Avec les autres industries fossiles, elle investit massivement dans le déni du changement climatique qui représente un des dix plus gros budgets lobbying mondiaux.

Parallèlement, face à l’inquiétude montante mais surtout face à l’épuisement du pétrole facile et rentable, les capitalistes investissent dans d’autres sources d’énergie. Mais la transition énergétique reste illusoire. Les énergies fossiles représentent encore 83,2% du mix énergétique mondial et aucune autre énergie ne peut soutenir notre modèle de production capitaliste.

Restrictions, pénuries, jusqu’à quand allons nous accepter de voir les inégalités énergétiques se creuser ?

Mélissa (UCL Orléans)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut