Violences sexuelles

Et pendant ce temps, les lieux d’accueil ferment




Fin 2017, le dernier lieu d’accueil de jour à Lorient pour les femmes victimes de violences a fermé, faute de financements. Un collectif s’est monté pour demander sa réouverture, pour l’instant sans résultat, malgré les effets d’annonce du gouvernement en la matière.

L’antenne lorientaise du dispositif «  Moments Pour Elles  », qui n’était déjà pas ouverte à temps plein, a accompagné jusqu’à sa fermeture une centaine de femmes par an. Ce sont autant de personnes qui, depuis, se retrouvent sans espace spécifique pour les accompagner, les orienter, les écouter. En cause  : un retrait des financements de l’État, qui a conduit les deux associations pilotes, le centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) et la Sauvegarde 56, a décrété la fermeture de l’antenne. Pourtant, en 2017, les violences faites aux femmes avaient été déclarées «  grande cause nationale  » par le gouvernement avec, derrière, la promesse d’un budget plus important. Dans les faits, ce sont de nombreux lieux qui sont menacés de fermeture, voire qui ont dû mettre la clé sous la porte purement et simplement. Alors que des mouvements d’ampleur à l’instar de MeToo montrent la prégnance des violences faites aux femmes dans l’ensemble de la société, et que les chiffres restent les mêmes d’année en année, soit une femme décédée tous les trois jours sous les coups de son conjoint, il est difficile de comprendre pourquoi le maintien des lieux d’accueil et d’écoute ne fait pas partie des priorités budgétaires.

À l’origine du collectif «  Femmes en marge  », des personnes qui se sont indignées d’une part de la fermeture de l’antenne, d’autre part que cette fermeture se fasse dans l’indifférence générale. Le collectif, qui a lancé une pétition, a souhaité ensuite interpeller l’ensemble des financeurs locaux, sans réponse.

Une mobilisation qui monte

Cela a marqué le début des mobilisations visant en premier lieu à informer largement la population, mais aussi à pousser les décideurs à rencontrer des délégué.es du collectif. Ainsi, sur une semaine en septembre, des rassemblements ont eu lieu respectivement devant la mairie, l’agglomération et la préfecture, puis à Rennes devant le siège du conseil régional. Des membres du collectif ont aussi fait une apparition improvisée et théâtralisée à l’université d’été du féminisme organisée par Marlène Schiappa, en espérant ainsi être médiatisés. Mais rien ne devait gâcher la façade «  féministe  » du gouvernement, et le happening du collectif n’a pas été relayé.

Aujourd’hui, la mobilisation va prendre une dimension particulière à l’approche du 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. Même si cette date ne se cantonne pas aux violences intrafamiliales, on ne peut qu’espérer que cette lutte locale pourra y gagner en visibilité, et peut-être obtenir la réouverture de l’antenne, véritable nécessité dans l’accueil de proximité des femmes victimes de violences.

Béatrice (AL Lorient)

 
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