La Poste : Un engagement, casser du militant




La Poste se réorganise. Elle entend bien pour cela ne pas se heurter à de fâcheux trublions syndicaux qui contesteraient la dégradation des conditions de travail et les suppressions de personnel que cela implique. Coûte que coûte, elle entend donc éradiquer toute contestation syndicale.

La Poste change. De statut, mais aussi dans les méthodes de dialogue social. Comme dans de nombreuses entreprises, les patrons ont toujours voulu faire taire la contestation syndicale. Mais depuis la venue de Jean-Paul Bailly, on est passé à la vitesse supérieure. Anciennement à la tête de la RATP, il avait été encensé par les politiques et l’ensemble des patrons pour sa gestion des conflits dans l’entreprise. Mais, le paysage syndical à la Poste est différent  : la CGT et SUD représentent plus de 50 % du personnel. En essayant d’appliquer la même méthode qu’à la RATP, il s’est heurté à bien des obstacles. Il faut dire qu’il a placé la barre très haute  : faire taire tout syndicalisme de contestation, et cantonner les syndicats à des discussions de salon.

Des sanctions avant tout politiques

Dès 2005, chez les postiers de Bègles-Bordeaux, 14 syndicalistes SUD, CGT et CNT, sont convoqués en conseils de discipline. Certains sont suspendus de leurs fonctions pendant deux ans, l’un d’entre eux est licencié. Accusés d’avoir séquestré les cadres du centre de tri qui acceptaient de négocier des suppressions de poste, le tribunal administratif confirme les sanctions. Mais le 3 décembre 2010, le tribunal correctionnel de Bordeaux relaxe trois postiers, dont celui licencié, et réduit considérablement les sanctions des onze autres (l’un d’entre eux est décédé depuis les faits). La Poste avait en réalité infligé des sanctions politiques n’ayant aucun rapport avec les faits, attaquant ce syndicalisme qui la gêne tant.

Tous les moyens sont bons

Au printemps 2010, une grève démarre dans les Hauts-de-Seine pour lutter contre des plans de «  réorganisations  » du personnel. La Poste utilise alors tous les moyens pour empêcher la lutte de s’étendre  : vigiles dans les établissements, lock-out, huissiers présents constamment sur place, jusqu’à l’occupation de la direction locale de Nanterre où elle accuse les grévistes d’avoir séquestré les cadres de la direction. Afin de soutenir ses accusations, elle n’hésite pas à retoucher des constats d’huissier. Résultat  : 16 grévistes, dont des militants SUD et CGT, sont convoqués en juin 2010 devant le tribunal pour séquestration. Trois militants SUD sont convoqués en conseil de discipline  : deux fonctionnaires risquent la suspension et la Poste demande au ministère du Travail le licenciement du contractuel auparavant refusé par l’Inspection du travail.

Une politique de répression syndicale

Le 15 décembre 2010, un permanent syndical parisien de SUD-PTT était convoqué devant le conseil de discipline pour avoir simplement exercé son activité syndicale  : prises de parole dans des établissements pendant la pause des facteurs et factrices, actions de solidarité avec les salariés d’Alternative Poste, entreprise concurrente de la Poste en faillite qui licenciait son personnel, et actions de solidarité avec les grévistes des Hauts-de-Seine pendant une occupation du siège...

La Poste vise cette fois directement l’activité syndicale. Ces exemples ne sont pas exhaustifs car d’autres militants, essentiellement SUD et CGT, subissent les attaques de la Poste comme actuellement en Martinique. La Poste vise le syndicalisme de lutte qui conteste jour après jour sa politique visant à continuellement dégrader les conditions de travail et à supprimer des emplois. Pour exemple, il n’est prévu dans le secteur du courrier qu’un remplacement pour huit départs.

Cette répression fait partie d’une politique délibérée pour mettre en place ces réorganisations du personnel qui implique de casser et licencier les militants syndicaux. Face à cela, les organisations syndicales font localement front commun. Quant au niveau national, seul SUD et la CGT semblent mesurer l’enjeu  : l’avenir du syndicalisme et des luttes qu’il porte au sein de l’entreprise.

Germinal de Sousa (AL Orléans)

 
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