Politique

Brève de classe : Barrage contre la réforme des retraites




La grève annoncée pour le 7 mars va être massive. En attendant, des secteurs prennent de l’avance. Ici dans les Alpes, à la suite d’une assemblée générale, les salariées du site de Grand’Maison, la plus grande centrale hydroélectrique d’Europe, ont décidé d’occuper l’usine et ainsi de prendre le contrôle de la production. Des camarades du groupe de Grenoble sont allés à la rencontre des grévistes le 15 février. Valentin, délégué syndical CGT nous a expliqué les enjeux de ce mode d’action, qui ne s’improvise pas.

« Sur Grand’Maison, on occupe très rarement car c’est un très gros site de production, très difficile d’accès puisqu’il est sécurisé par le ministère de la défense. Par contre, pour d’autres types de production, on a l’habitude de le faire. Pour preuve, quasiment les deux tiers de la production des Alpes est à l’arrêt aujourd’hui, et aux mains des grévistes. »

Le réseau électrique est un système complexe où la production doit impérativement être égale à la consommation au niveau européen à tout instant. Dans ce contexte, les barrages sont un enjeu stratégique crucial car leur souplesse permet d’ajuster finement l’équilibre de celui-ci à faible coût. Ainsi, en décidant de couper ou au contraire de maintenir la production, les grévistes forcent EDF à trouver d’autres moyens d’équilibrage plus onéreux. « Par exemple, cet après-midi on a laissé les machines tourner. Ça coûtait de l’argent à l’État de les faire tourner plutôt que de les arrêter, puisque le réglage de l’équilibre du réseau ne pouvait plus être fait. »

Une autre raison de maintenir la puissance sur le réseau est de libérer des contraintes sur les travailleurs et travailleuses du nucléaire pour qu’ils et elles puissent mener leurs propres actions, qui sont, sécurité oblige, beaucoup plus encadrées. Ici, la structure fédérale prend tout son sens. « On est une fédération, Mines-énergie, et après, on est en lien avec le piquet de grève national qui coordonne les informations. Il y a six unités de production hydraulique sur l’ensemble du territoire ainsi qu’une trentaine de centrales nucléaires, et on se transfère les infos entre nous, sur différents canaux, et ça nous permet de savoir exactement où on en est. »

Photo : UCL Grenoble

Action efficace mais risque important

Cette opération n’est cependant pas sans risques. « Si on crée un déséquilibre réseau suffisamment important [...] on est pas à l’abri de se faire évacuer par la gendarmerie des centrales et d’avoir des sanctions pénales [...] pour les agentes présentes et les représentantes syndicaux. Choses qui sont déjà arrivées. »

Comme on le voit les travailleurs et travailleuses s’auto-organisent pour faire plier le gouvernement  ; les syndicats et leurs fédérations sont à l’offensive et les décisions doivent être prises démocratiquement. « Les différents modes d’actions seront à définir par les AGs. »

L’occupation a pris fin au bout de quarante-huit heures mais ce n’est que partie remise. Ce soir, ce n’était qu’un entraînement en vue d’un 7 mars où débutera une lutte prolongée. « Maintenant c’est la paralysie de l’activité et de l’économie qui fera inverser la situation [...] il faut contraindre les employeurs à demander au gouvernement de retirer leur projet. »

Propos recueillis et commentés par l’UCL Grenoble

 
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