Ecologie

Loire-Atlantique : Reconversion de l’usine de Cordemais




Le 20 janvier 2023, l’État a donné son accord pour la conversion de la Centrale thermique de Cordemais (près de Nantes), en Centrale « à biomasse ». Si cette annonce constitue bien une victoire syndicale, il n’en reste pas moins que tout n’est pas parfait sur le plan environnemental, et que les reconversions ont peu de chance de satisfaire aux nécessités de l’urgence climatique, tant que l’on ne sortira pas du cadre imposé par l’économie capitaliste.

Le projet de reconversion de la Centrale électrique de Cordemais a donc finalement été validé par le gouvernement. Ce projet, présenté par les salariées et la CGT, et appelé Ecocombust, va donc remplacer le charbon par des granulés de bois produits à partir de déchets de bois de classe B (peu réutilisés ou « valorisés » pour l’instant) et des « produits connexes de scieries » dits PCS.

Toutes les centrales à charbon ayant vocation à être fermées, beaucoup de salariées de centrales fermées précédemment se sont retrouvées à Cordemais. En 2017 puis 2018 fut annoncé, devant celles et ceux qui venaient parfois d’arriver depuis seulement deux ou trois ans, que c’était encore une fois leur tour. En décembre 2018, une grève de soixante-quatre jours a permis aux salariées, avec le syndicat CGT, d’élaborer un projet de reconversion de la Centrale : la production de « black pellets » afin d’alimenter la Centrale thermique (en lieu et place du charbon, donc — ce sera de manière progressive, de 2025 à 2027).

Les mobilisations ont été nombreuses : grèves et débrayages, débats publics, interpellations auprès des élues, députées, sénateurs et sénatrices, Région, Ministère... jusqu’à une nouvelle grève, fin 2021, déclenchée sous l’impulsion des salariées, et qui mit à zéro la production électrique.

L’usine de Cordemais (Loire-Atlantique)

Bien sûr, la situation internationale n’est pas étrangère à cette décision, les craintes sur les risques de manque de capacité d’EDF à répondre aux pics de consommation en électricité, en hiver, ont contribué à ajourner cette décision de fermeture de la Centrale. Mais, après pas mal de tergiversations, acceptation puis recul de la part d’EDF, du Gouvernement, ou d’autres acteurs du projet, cette décision réjouit les salariées qui ont réussi à se mobiliser pour lier question sociale et question environnementale.

Une portée écologique limitée

Pour autant, cette solution est-elle « vertueuse » écologiquement ? Plusieurs associations écologistes, comme les Amis de la Terre ou le Réseau Action Climat pointent un certain nombre de problèmes : les tentatives de produire des « black pellets » pour cet usage, réalisées par exemple au Canada, ont été des échecs ; le bois de classe B et les PCS utilisés pour approvisionner la Centrale seraient plus utiles dans la fabrication de panneaux de bois dans la construction que comme gisement de combustible ; car ce conflit sur l’usage de ces déchets encouragerait les fabricants de panneaux destinés à la construction à continuer à utiliser plus de bois de coupe (pression sur les forêts) ; enfin, cette solution ne permettrait pas de sauvegarder l’ensemble des emplois actuels à la Centrale. Les associations pointent également le gaspillage énergétique et la pollution de l’air.

Il est clair que toute « solution » ou reconversion, dans le cadre des intérêts capitalistes ne sera que partielle ou insuffisante. Si nous voulons une vraie rupture écologique et sociale, il faudra s’emparer des moyens de production, et renverser le pouvoir bourgeois par l’action révolutionnaire des travailleurs et travailleuses, afin de décider ce dont nous voulons.

Yann (UCL Nantes)

 
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