Antifascisme

Analyse : 2023, le fond de l’air est brun




En ce début d’année 2023, la commission antifascisme de l’UCL propose un bilan de la situation de l’extrême droite en France et un rappel de nos principales orientations stratégiques.

L’extrême droite semble être entrée dans une nouvelle étape de son renforcement. Partout dans le monde, elle remporte des élections (Suède, Italie, Israël…) et, quand elle les perd, tente de s’accrocher au pouvoir par la force comme au Brésil en janvier 2023. Plus encore, on observe une croissance des attaques individuelles par des fascistes : rien qu’en France, on note l’assassinat de Federico Aramburu par l’ancien membre du GUD Le Priol en mars et l’attentat meurtrier contre le centre démocratique kurde à Paris le 23 décembre, probablement lié à la sale guerre du gouvernement fasciste turc.

Ces deux attaques ne sont que la partie émergée de la dynamique accélérationiste, qui voit de plus en plus d’individus ou de petits groupes s’armer afin d’organiser des attentats et de déclencher la « guerre civile » qu’ils espèrent contre les populations racisées, les minorités de genre et la gauche.

Une violence fasciste de plus en plus décomplexée

Ce constat est largement partagé au delà du milieu antifasciste, puisque le secrétaire général de l’ONU fait de l’extrême droite « la principale source de terrorisme dans les pays occidentaux. La plus grande menace de terrorisme aujourd’hui provient de l’extrême droite, du néonazisme et de la suprématie blanche ». Selon Europol, la France est particulièrement menacée puisqu’elle rassemble 45% des interpellations concernant le terrorisme d’extrême droite [1].

Cette menace s’incarne également dans des groupes identitaires de plus en plus nombreux et violents, présents et actifs sur tout le territoire, de Lyon à Montpellier, de la Savoie à Caen en passant par Paris. La campagne électorale de Zemmour a donné une dynamique et une envie d’agir à de nombreux jeunes d’extrême droite, qui n’ont cependant pas trouvé de débouché électoral suite à ses défaites, et se sont donc orientés vers des groupes de rue [2].

Le savoir est une arme ! Depuis 10 ans, le collectif La Horde publie régulièrement une cartographie de l’extrême-droite. Cette initiative est aujourd’hui reprise au niveau local par de nombreux collectifs.
Crédit : La Horde

Malgré leurs différences historiques, des membres de plusieurs de ces groupes se sont rapprochés lors de cette campagne, et ont noué des liens entre les villes. On l’a vu le soir de la demi-finale de la coupe du Monde France-Maroc, où des groupes coordonnés ont attaqué dans une dizaine de villes les rassemblements de supporters principalement d’origine maghrébine.

Il faut aussi souligner les liens de ces groupes avec les forces institutionnelles qui les soutiennent. La police et la justice n’ont pas réagi face à ces attaques, tandis que les médias ont préparé pendant des jours le terrain échauffant les esprits à grand coups de tirades racistes et banalisant par avance une violence massive.

La présence de 88 députés RN à l’Assemblée donne une expression légitimée par le jeu politique bourgeois à ces paniques construites de toute pièce, et permet de transformer les fantasmes de quelques réactionnaires en un sujet politique central.

Face au fascisme, ne jamais abandonner, s’organiser

A l’UCL, nous sommes évidemment inquiètes de la situation présente. La place prise par les multiples branches de l’extrême droite, sa stratégie globale de répartition du travail dans les urnes, au Parlement et dans la rue, doit nous faire prendre conscience qu’une course de vitesse est engagée contre la prise de pouvoir des fascistes.

Dans ce contexte, la capacité du mouvement social à contrer, voir à contre-attaquer face aux différentes mesures antisociales du gouvernement sera déterminante pour faire refluer les forces et les idées d’extrême droite. Les militantes de l’UCL continueront, partout où ils et elles se trouvent à participer à cette dynamique cette année encore, particulièrement dans le mouvement contre la réforme des retraites qui est maintenant engagé.

L’imposture du discours social de l’extrême droite

Au delà, nous continuerons jusqu’au bout à nous opposer aux fascistes partout où ils se montrent, et à construire la lutte antifasciste, en soutenant les initiatives syndicales comme VISA ou en construisant des fronts locaux et nationaux larges, démocratiques et unitaires contre l’extrême droite.

Au sein de l’UCL, nous incitons les groupes locaux à se former en s’appuyant sur les outils de notre commission : cahier et tournée de formation. Face aux nouvelles thématiques investies par l’extrême droite (écologie, questions LGBT, féminisme…), il faut repenser nos réactions et nos méthodes d’action.

La Commission antifasciste de l’UCL

[2Voir la dernière mise à jour de la cartographie de l’extrême droite sur le site de La Horde

 
☰ Accès rapide
Retour en haut