Antipatriarcat

Épinal : En 2023, l’homophobie tue encore




Le suicide de Lucas, jeune collégien homosexuel dans les Vosges, a fait grand bruit. Entre les récupérations politiques et mobilisations homophobes des droites, la lutte contre toutes les LGBTIphobies doit s’imposer comme une priorité.
Lucas, un jeune adolescent de 13 ans s’est suicidé début janvier dans la banlieue d’Épinal. Ce suicide est lié au harcèlement scolaire qu’il subissait à cause de son homosexualité.

Le traitement médiatique sous l’angle fait divers de cet incident a été difficilement supportable. La police a désigné quatre collégiennes comme responsables par leur harcèlement de la mort du jeune homme. Cette résolution, loin de lutter contre l’homophobie et d’assurer que de tels tragédies ne se reproduisent, invisibilise au contraire les problèmes structurels d’homophobie : le harcèlement sur l’orientation sexuelle n’est pas l’apanage des Vosges ou d’individus isolés.

Si l’on se tourne du côté de l’Éducation Nationale, notre ministre annonce vouloir lutter contre les LGBTIphobies à l’école. Belle initiative mais avec quels moyens ? L’école inclusive ressemble fort à de la peinture arc-en-ciel sur le parpaing de l’austérité budgétaire à laquelle doivent faire face tous les établissements publics. Les déclarations du ministère sonnent encore plus creuses si l’on considère son inaction face à l’homophobie des écoles privées comme le lycée Stanislas qu’elle dote pourtant généreusement en fonds publics.

Au-delà du combat que doit mener le personnel pour avoir les moyens de changer les choses, n’oublions pas que l’école reste un cadre fortement normatif dans lequel le corps enseignant peut aussi avoir sa part de nuisance. Une véritable bataille de l’émancipation doit refuser tout compromis corporatiste et combattre, également en son sein, l’homophobie.

Plus indécent encore, nous avons eu le droit à une tentative de récupération de Valérie Pécresse alors même qu’elle s’était illustrée par son soutien à la Manif Pour Tous, comme d’ailleurs l’intégralité de son parti. Pourtant aucun membre des Républicains ne devra répondre devant la justice de leur démonstration d’homophobie. Au contraire, la droite continue de s’organiser contre les droits des LGBTI.

CC BY-NC-ND 2.0 - Steffi Reichert

Le retour de l’ordre moral

Là où le RN est comparativement discret dans son homophobie pour pouvoir accuser ses boucs-émissaires habituels d’être les véritables homophobes, LR et Reconquête ont choisi d’attaquer frontalement l’homosexualité. Ainsi, nous avons pu assister à des provocations d’un cadre des Jeunes Républicains par rapport au suicide de Lucas ou encore à un pathétique appel de Reconquête à former des associations de parents qui luttent contre l’enseignement de « l’idéologie du genre » à l’école. Cette dernière tactique a fait des ravages aux États-Unis et doit être combattu par une meilleure organisation antifasciste à une échelle locale.

Cette recomposition de la droite autour de son homophobie a été facilité par un PS qui, pour apparaître progressiste malgré ses politiques anti-sociales, a fait traîner en longueur les débats sur le mariage pour tous et a laissé la droite s’organiser dans la rue entraînant ainsi des hausses significatives des agressions homophobes.

Qui donc doit-on blâmer alors pour la mort de Lucas ? Ses harceleurs et harceleuse n’étaient pas homophobes malgré le climat politique, ils et elle l’étaient précisément à cause de celui-ci. Qui mérite donc d’avoir cette mort sur la conscience ? Des libéraux qui se sont servis de nos existences comme bouclier progressiste ? Ou encore celles et ceux qui défilaient contre nos droits ? Ceux-là même qui proclamaient protéger les enfants alors que très clairement, ils défendaient leur ordre moral aux mépris des enfances qu’ils ont pu détruire.

Corentin (UCL Alsace)

 
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